Qu’avons-nous vu ?
- Michel
- 30 avr.
- 2 min de lecture

Charles Delhez sj —
Qu’avons-nous vu et entendu de ces jours-ci ? Beaucoup de religion. Elle a occupé de nombreuses d’heures d’écran et quantité de pages de journaux. 400.000 personnes sur la place Saint-Pierre et le long des avenues romaines, cela ne passe pas inaperçu. Et ces longues files les journées précédentes, et les milliers de personnes défilant devant sa tombe dès le lendemain, ces 200 cardinaux tout de rouge vêtus…
Dans le visuel, l’Église catholique se débrouille pas mal. Quelques jours de préparation et un évènement rassemblant près d’un demi-million de personnes a pu se dérouler sans anicroche. Les cérémonies étaient au cordeau et la sécurité, assurée. Bientôt nous aurons le cortège des cardinaux entrant dans la chapelle Sixtine, la fumée blanche, le célèbre Habemus papam.
D’autre part, l’hommage rendu au pape défunt par le cardinal Re, doyen du Collège cardinalice, reprenait toutes les interpellations que François, sans doute la seule personnalité vraiment universelle aujourd’hui, avait fait entendre à la conscience des peuples durant ses 12 ans de pontificat. Cette homélie a été retransmise en mondovision.
La photo de Zelenski parlant seul à seul avec Trump a fait le tour du monde — un clin d’œil de François ? La religion n’est jamais sans lien avec la politique. Le Saint-Siège, qui entretient des relations bilatérales avec 188 États, dispose de l’un des meilleurs réseaux diplomatiques. Pour beaucoup de dirigeants du monde, la Ville éternelle était devenue the place to be.
L’Eglise a pu apparaître aussi comme une immense O.N.G. préoccupée des migrants, des prisonniers (7 d’entre eux ont pu se rendre aux obsèques), de la santé de la planète et, surtout, de la paix dans le monde.
Et la foi, là-dedans ? On ne l’a pas vue. Par définition, elle est invisible, puisqu’elle est de l’ordre de l’intime, de l’expérience spirituelle. Certains pratiquent la religion sans la foi, par automatisme ou convenance sociale, d’autres ont la foi, mais sans religion, notamment parce qu’ils sont déçus voire scandalisés par les religions instituées.
Et pourtant, malgré ses trop nombreux dérapages, la religion n’est pas inutile. Elle situe le croyant, celui qui a la foi, dans une tradition qui évolue et qui en prend le temps, car, comme la catholique, elle se déploie à un niveau universel. Si elle ne rend pas la foi visible, elle pointe vers elle, sans s’y identifier pour autant. Elle aide à formuler les questions face à « l’énigme du réel » – Et après la mort ? Et le mal ?
Par les réponses qu’elle tente de donner, elle aide chacun à continuer à chercher avec d’autres. Ces réponses sont certes traversées par des tensions, voire des oppositions farouches, mais il n’y a que dans les sectes, que l’unanimité est de rigueur.
La foi ne passe pas nécessairement par la religion, mais elle emprunte volontiers ce chemin. Ces derniers temps, on a pu percevoir de légers frémissements positifs, ainsi le succès du Carême et des fêtes pascales, la croissance des baptêmes d’adultes et de jeunes… La génération montante serait-elle à la recherche de ce que nous avons perdu en ostracisant les religions qui ne sont que des soutiens de la foi, mais qui donnent des repères communs dans une société de plus en plus éclatée ?
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