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Noël nous invite à naître

Vœux du Père Charles pour la paroisse.


« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière », nous annonce chaque année le prophète Isaïe. Comme alors, au VIIIe siècle avant notre ère, le climat de notre société est morose. Que souhaiter en ces temps sombres ? La lumière, bien sûr ! Celle de l’espérance pour les peuples en guerre, pour les populations affamées, pour les familles divisées, pour les pays en crise politique, pour les personnes déprimées ou en burnout, pour les migrants en quête d’un havre de paix, pour une Église qui se cherche, pour les victimes de toutes nos violences et autres abus sexuels ou spirituels…

Nous avons besoin d'espérance, d’oser croire que la lumière demeure plus forte que les ténèbres. Laura Rizzerio, qui fréquente souvent notre paroisse, dans une très belle chronique de La Libre Belgique, cite le philosophe Josef Pieper : « L’espérance authentique est celle qui vise quelque chose qui ne dépend pas de nous mais que nous sommes certains de pouvoir obtenir. »

Tant que nous sommes vivants, en effet, nous sommes dans l’espérance. Nos espoirs ne se réalisent pas toujours, et nous sommes déçus, mais nous osons croire que l’espérance se réalisera, durant notre existence ou après, dans les générations qui nous suivent et, pour le croyant, de surcroît, dans l’au-delà. Si nous ne le croyions plus, nous serions des désespérés ;  continuer à vivre n’aurait plus de sens.

L’histoire humaine est un entrelacs d’événements joyeux et difficiles, mais s’il y a des évènements positifs, comme la naissance d’un enfant, c’est qu’il y a toujours moyen d’espérer. « Chaque enfant qui naît porte en lui l’espoir que Dieu n’est pas découragé au sujet de l’homme », dit merveilleusement le poète hindou Rabindranath Tagore. Comme l’espérance, un nouveau-né est toujours fragile : il est remis entre nos mains, porteur d’un avenir qu’il nous appartient de rendre possible.

La Bible, que nous écoutons à chaque messe, n’est pas un recueil de contes imaginaires comme Le Petit Chaperon rouge ou Blanche-neige, mais l’histoire d’un peuple où l’espérance a toujours réussi à se faufiler. À l’époque d’Isaïe, le royaume de Juda était pris en tenaille dans les tensions entre l’Assyrie et l’Égypte, mais la naissance d’un enfant réveille la joie : tout est à nouveau possible. Chaque enfant qui naît apporte du neuf, de l’inédit. Il est une chance de plus offerte à notre monde. Quand un enfant naît, en même temps que la vie, nous lui donnons l’espérance, cette dynamique enracinée au plus profond de nous.

Pour le chrétien, cet enfant qui nous ouvre à nouveau l’avenir, c’est Jésus. C’est Dieu qui dit oui à notre histoire humaine, qui veut la voir continuer, se renouveler, aboutir. Mais, dirait Maurice Zundel, « le “oui” de Dieu a besoin du nôtre pour obtenir son effet ». Écoutons Etty Hillesum : « Il m'apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider, mais que c'est à nous de t'aider et de défendre jusqu'au bout la demeure qui t'abrite en nous. »

C’est en naissant nous-mêmes, en renaissant sans cesse, que nous consentons au oui de Dieu. « Si tu te sens aujourd’hui capable d’un amour tout neuf que tu n’espérais pas hier, tu es en train de naître », dit un texte anonyme intitulé Voici Noël. Et un peu plus loin : « Sois sûr que la plus grande chose de la vie, ce n’est pas de vivre, c’est de naître constamment pour ne pas être vieux. »

2025 sera une année jubilaire à laquelle le pape François a donné pour titre : Pèlerins d’espérance. Chaque époque a ses désespérances, mais tout au long de notre histoire, il y a des signes d’espérance. Quelles sont les nôtres en nous et autour de nous ? Qu’est-ce qui désire naître au plus profond de nous-mêmes ? Noël ne nous inviterait-il pas à donner naissance à Jésus en nous-mêmes, pour que nous soyons, grâce à lui, des êtres d’espérance, des serviteurs de l’avenir qui ne cesse de nous appeler, de ce Royaume de Dieu qui est notre horizon.

Joyeux Noël aux paroissiens et à tous les amis de Blocry !

P. Charles

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