Morale en excès

Véronique Margron, La douceur inespérée, Bayard 2004, p. 30.
Quelle est l’exigence chrétienne d’une vie bonne, d’une existence juste, au sens où l’entend le christianisme ? Ce serait une vie « excessive », un chemin d’excès, sur lequel nous sommes invités à faire notre possible. Ce qui nous est proposé, c’est d’aimer jusqu’à, peut-être, en mourir. Autrement dit, il s’agit de quitter l’excès de la violence, dans lequel nous sommes si souvent et tragiquement enfoncés, pour une autre surabondance, celle du don, de la sollicitude, de la compassion, figures de bonheur. Mais, dans ce voyage-là, chacun fait avec ce qu’il est. Là se trouve l’enjeu de la morale : accomplir le possible. L’impossible, Dieu s’en charge. Mais le réalisable est un accessible « plastique ». Il n’est pas fixé une fois pour toutes. Il est aussi une exigence. À travailler son possible, on l’élargit. Mais on ne l’accroît pas à l’infini. La morale est de l’ordre du réalisable, en fonction des conditions singulières de l‘individu, qu’elles soient psychiques, culturelles, physiques, etc. (…) Le but de la morale, c’est d’essayer d’aider les hommes et les femmes à faire tout leur possible. Et Dieu se charge en quelque sorte de l’impossible.
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