Les caricatures du catholicisme
- Michel
- il y a 3 jours
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Charles Delhez sj —

Tristesse. C’est le mot qui me vient, à la lecture du récent livre de Véronique Olmi, Une enfance catholique (Seuil 2025). Il y a 8 ans, cette asteure avait signé Bakhita, une biographie romancée de cette jeune soudanaise musulmane, réduite en esclavage à l’âge de sept ans, et devenue religieuse en Italie[1]. Un livre profondément bouleversant, que j’avais encensé lors de sa parution. Dans ce nouveau livre, de 113 pages, Véronique Olmi fait entendre un christianisme caricatural, qu’elle a rejeté, mais qui régnait encore dans certains milieux ultra-cathos des années 60 : le péché originel, les limbes pour les enfants non baptisés, la culpabilisation de la masturbation, dès l’âge de huit ans dans son cas, les dogmes rigides et mal compris… Et ce Dieu qui, à la manière de celui de Sartre, la voit tout le temps, la surveille tout le temps, tient les comptes et ne néglige rien (cf. p. 62).
Un drame familial explique sans doute bien des choses : Catherine, sa sœur aînée, née en bonne santé, décéda huit jours plus tard, sans avoir été baptisée, mais seulement ondoyée, comme on disait alors. Elle fut donc reléguée dans les limbes, croyaient-ils, hypothèse théologique abandonnée par le pape Benoît XVI lui-même.
De ces caricatures qui ont la peau dure, s’ensuit un rejet de l’Eglise, cette société, je cite « pyramidale puissamment misogyne et hypocritement hétérosexuelle » (p. 47). À cela s’ajoute la question des abus sexuels qui, estime-t-elle, ne semble pas faire réellement scandale au sein de l’Église et ne remet pas en question son fonctionnement.
Cette perversion du message chrétien s’explique sans doute par son époque et son milieu. Ces pages nous mettent cependant en garde : quand le dogme prend la place de la spiritualité, il peut être mortifère ; quand une religion se réduit à un ensemble de croyances, elle peut devenir intolérante.
À l’âge de 12 ans, la comédie musicale Godspell fut pour elle une libération. Il mettait en scène un Jésus qui proteste, aime sans tabou, n’obéit pas à la loi, n’est jamais prudent… Un Jésus pas rassurant pour autant. Citons-la : « Il n’est pas un médicament. Un confort. Il est celui qui lui donne la liberté de discerner le bien du mal, provoque un désordre étincelant » (p. 100). Et ailleurs : « Pour moi, il est l’amour fou. Et malgré ses comportements, ses indignations, sa fougue, ses révoltes sans compromis, il n’a jamais proféré des menaces. Il n’a jamais parlé de culpabilité collective. Et surtout : il n’a jamais parlé de péché originel » (p. 96) – fin de citation. Mais nous avons détourné son message. Là est le véritable blasphème, affirme-t-elle, et à juste titre. C’est le classique : L’Église, non ; le Christ, oui.
La fin de ce petit livre évoque sa libération de la religion de son enfance. Un livre à la première personne, dédié à ses parents, ceux-là même qui lui ont donné cette éducation catholique vis-à-vis de laquelle elle est si critique. Une amnistie ?
Ces pages aident à comprendre le rejet de plus en plus généralisé de la foi catholique. Nous vivons dans l’arrêt sur image d’une époque passée, alors que la religion n’a cessé d’évoluer. Quel temps consacrons-nous à approfondir notre foi ? Nous la réduisons trop souvent à des émotions positives pour certains, négatives pour d’autres, mais sans aller plus loin.
[1] Elle a été canonisée par Jean-Paul II en 2000.

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