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L’empereur philosophe


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Charles Delhez sj —

Marc-Aurèle, l’empereur romain philosophe, du deuxième siècle (121-180) ! Chaque jour, il inscrivait dans un carnet ses pensées philosophiques personnelles, dans la ligne des stoïciens dont les plus célèbres sont Épictète et Sénèque. À l’époque, la philosophie n’était pas d’abord abstraction, mais art de vivre, amour de la sagesse, selon l’étymologie grecque.

À la Renaissance, ces pensées qui n’étaient pas destinées à être publiées ont refait surface et, depuis, elles sont publiées et republiées sous le titre Pensées pour moi-même. L’idéal présent dans ces écrits est très élevé. Les ressemblances avec l’Évangile ne manquent pas. La légende a même couru que saint Paul aurait connu Sénèque.

Marc-Aurèle avait le sens de la formule lapidaire. La plus célèbre est cette prière qui, sans être textuellement de lui, résume bien sa pensée : Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer les choses que je peux changer. Et la sagesse d’en connaître la différence.

Frédéric Lenoir, dans son récent Le rêve de Marc Aurèle (Flammarion 2024), dresse un beau portrait de cet empereur et de sa philosophie de vie. Il n’hésite cependant pas à pointer les incohérences entre sa pensée et son agir. Il croyait en l’égalité de tous les êtres humains, mais il n’a pas aboli l’esclavage ; il parlait de bonté, d’amour des ennemis, mais n’a pas hésité à persécuter férocement les chrétiens. Et la femme, à ses yeux, restait soumise à l’homme.

L’empereur philosophe ne fut pas le révolutionnaire que l’on aurait pu espérer. Il était marqué par son époque et son milieu, et avait aussi ses limites et ses contradictions personnelles. De plus, il pouvait y avoir conflit entre différentes valeurs, il lui fallait parfois se soumettre à ce que Max Weber appelait l’éthique de responsabilité : il était en effet pris en tenailles entre ses convictions personnelles et sa responsabilité d’empire. Tout n’est pas toujours possible.

De même pour nous, chrétiens. Nous ne correspondons pas entièrement à notre idéal car, inconsciemment, nous sommes conditionnés par ce monde dont nous faisons partie. Il y a des concessions à faire, voire des compromissions. Nous souhaiterions adopter une « sobriété heureuse » dans la ligne de Pierre Rabbi, mais nous craignons de nous couper de nos concitoyens. Il faut aussi parfois nous soumettre aux devoirs de notre charge, même s’ils sont des concessions. Ainsi, Marc Aurèle menait une vie austère, mais devait tenir son rang d’empereur.

Saint Paul aussi parlait d’égalité, mais il était au temps où l’esclavage était une institution constitutive de la société. Dans sa Lettre à Philémon, il ne pourra que recommander au maître de l’esclave Onésime de l’accueillir fraternellement, sans remettre en question le lien d’esclavage qui les unissait. De nos jours, les chrétiens sont aussi écartelés entre les valeurs de l’Évangile et celles de notre société. L’Église est toujours de son temps, et parfois même trop.

Marc Aurèle recommandait l’examen de conscience quotidien avant de se coucher, pour vérifier si l’écart n’est pas trop grand entre mon idéal et ce que j’ai pu faire de ma journée. Il ne s’agit bien sûr pas de jouer à la culpabilisation, mais de corriger le tir pour que cet écart se réduise. Précieux conseil !


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