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Et les auteurs d’abus ?

  • Michel
  • il y a 7 jours
  • 2 min de lecture

Charles Delhez sj —


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Ouf !, s’est exclamé le membre d’un collectif de victimes des abus sexuels dans l’Église, en apprenant que l’archevêque de Toulouse renonçait à nommer un prêtre à la charge de chancelier. En 2006, celui-ci avait été condamné pour viol à cinq années de prison, dont une avec sursis. Libéré pour bonne conduite, il se retrouvait en 2009 curé d’une grande paroisse rurale. Suite à une campagne de presse, il renonçait à ce ministère, malgré le soutien de nombreux paroissiens. Depuis 2020, il était employé à la chancellerie du diocèse de Toulouse et, en juin dernier, il en était nommé chancelier. Pour les victimes et leurs proches, cette nomination était choquante. Elle apparaissait comme une promotion, même s’il s’agit en fait d’un poste juridique. Mais cela l’aurait, il est vrai, mis en position délicate dans certains dossiers d’agressions sexuelles et en contact avec des documents sensibles.

L’archevêque a défendu sa décision en expliquant avoir « pris le parti de la miséricorde ». N’est-ce pas dans la droite ligne de l’Évangile ? Les évêques de France, quant à eux, estimant que cela allait raviver des blessures et déconcerter les fidèles, appelèrent publiquement Mgr Guy de Kerimel à reconsidérer sa décision.

Au fil des années, le point de vue a totalement changé : jadis, on se préoccupait des abuseurs ; aujourd’hui, on met en priorité les victimes. C’est heureux. Mais que deviennent ces abuseurs ? Certains sont renvoyés de l’état clérical, d’autres hélas se suicident, mais il y a ceux qui veulent rester prêtres et continuer leur ministère. Les victimes, elles, ne veulent plus les voir. Il existe des lieux d’accueil pour les prêtres en attente de jugement civil, ne devrait-il pas en exister aussi pour les prêtres après condamnation ?

Est ici posée la question du rôle de l’évêque. Peut-il être à la fois l’ami du prêtre, celui qui a autorité d’accompagnement et l’autorité disciplinaire ? Le frère, le père et le juge. Peut-on concentrer en une seule personne cette triple dimension ? De plus en plus, les ordres religieux et les diocèses font appel à des laïcs, à des professionnels. Par ailleurs, il s’agissait ici d’une décision unilatérale de l’évêque, et non d’un processus synodal.

Dans cette affaire, chacun a en quelque sorte raison en fonction de sa hiérarchie des valeurs. L’évêque de Toulouse a privilégié la miséricorde, mais sans tenir compte du contexte très délicat d’aujourd’hui, du contresigne que cela représentait. Les évêques de France ont mis en priorité l’opinion publique et la prudence. L’expérience enseigne en effet que les abuseurs peuvent toujours récidiver. Mais peut-on condamner quelqu’un à une mort sociale alors qu’il a purgé sa peine ?

« L’important, a pu écrire un lecteur du journal La Croix, est d’éviter les solutions simplistes inspirées par l’alternative binaire du déni (il ne s’est rien passé) ou de la vengeance (on a éliminé le pervers). Tous nous portons des ambiguïtés, des parts belles et des parts sombres. Désigner le “méchant” à exclure, n’est-ce pas croire que le mal ne nous concerne pas ? » Reste donc une question qui nous concerne nous : se convertir est-il possible ? Oui ! Tel est le pari de l’Évangile. Les premiers mots de Jésus, selon Matthieu et Marc, sont une invitation à la conversion[1]



[1] Matthieu 4, 17 ; Marc 1, 15.



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