Léon XIV premier bilan
- Michel
- 26 juin
- 3 min de lecture
Charles Delhez sj —

Permettez-moi un premier bilan de celui qu’on appelle encore le « nouveau pape ». Le pape jésuite fut très populaire, charismatique même, un « révolutionnaire » aussi, mais trop souvent autoritaire et clivant. Il a bousculé l’Église. Il nous faut maintenant un pacificateur, nous avons besoin d’un « pontificat de maturation », selon le mot de François Mabille. On se rappellera sa devise, in Illo uno unum, En Celui qui est un, soyons un. Et, de fait, pour le moment, il fait l’unanimité.
« Aidez-nous à construire des ponts par le dialogue, la rencontre », demanda Léon XIV dès le premier soir. Peut-être songeait-il aussi aux ponts à construire dans l’Église elle-même, par-delà les récentes fractures. Quelques jours plus tard, il a été chaudement accueilli par la curie romaine, parfois malmenée par François. « Les papes passent et la curie reste », leur a-t-il dit. Voilà de quoi panser les plaies. Il a restauré la traditionnelle « prime de conclave » pour le personnel. Cela ne peut que faire plaisir.
Élu à une large majorité comme, en son temps, Léon XIII, le 8 mai, jour de l’armistice, ses premiers mots furent : « La paix soit avec vous tous ! » Et il précisa : « la paix désarmée et désarmante, une paix non-violente ». On le sent très préoccupé par ce monde dont la situation géopolitique ne fait qu’empirer. Il veut jouer sur la scène internationale comme déjà Paul VI à l’ONU, Jean-Paul II lors de la chute du mur de Berlin, François et la guerre en Ukraine. Il a rencontré Zelensky dès le 12 mai, téléphoné à Poutine, imploré la paix au Moyen-Orient. « Si vous voulez la paix, préparez des institutions de paix », a-t-il lancé.
Citant abondamment ses prédécesseurs, dont Léon XIII et François, et bien sûr Vatican II, le pape américano-péruvien veut indiquer qu’il se situe dans la continuité, comme ceux qui l’ont précédé. Sur le fond, il revendique l'intégralité de l’héritage du pape argentin. Il se situe résolument dans la ligne synodale de François, qu’il cite souvent avec émotion et dont il partage une piété très mariale. On dit que son premier texte important pourrait être la reprise de l’exhortation apostolique sur les pauvres que préparait François.
En choisissant le nom de Léon XIV et pas celui de François II, il a sans doute voulu signifier qu’il ne serait pas pour autant un copier-coller. Il préserve en effet son côté plus classique qui apparaît dans des petits signes, même vestimentaires. Ainsi, n’a-t-il pas hésité à rappeler à un évêque qu’il devait mettre sa calotte ! Léon XIII, premier pape du XXe siècle, fut préoccupé par la révolution industrielle, Léon XIV, par la révolution numérique. Il craint la « dictature des algorithmes », selon ses mots, et pointe « de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail ».
Un pape fait beaucoup de discours, les thèmes abordés sont nombreux. Retenons par exemple ses propos lors du jubilé des familles : « C’est de la famille que naît l’avenir des peuples. » Et encore : « Le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour surmonter les forces qui désagrègent les sociétés. » Ou bien encore à de nouveaux prêtres : « Nous sommes le peuple de Dieu », a-t-il insisté, leur rappelant qu’ils en font toujours partie et que leur ordination n’est pas un privilège. François aurait dit de même.
Voilà qui me semble bien parti !
Comments