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Sous le seuil du Temple


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Charles Delhez sj —

Que de fois, lors d’une réception de mariage ou d’un enterrement, des personnes m’interpellent à propos de l’institution Église. L’Évangile oui, la foi chrétienne oui, mais l’Institution… Une institution est un « mal nécessaire », dirait le théologien protestant Heinz Zahrnt. Toute institution, d’ailleurs…

J’aime relire cette phrase du théologien suisse Hans Küng, privé d’enseignement pour pensée non conforme : « Je reste dans l’Église parce que la cause de Jésus Christ m’a convaincu et parce que la communauté ecclésiale, en dépit et au milieu de toutes ses déficiences, est pourtant restée et restera la mandataire de Jésus Christ. Mon christianisme […], je le tiens de cette communauté de foi qui, à travers vingt siècles, s’est péniblement maintenue et a toujours, tant bien que mal, éveillé à la foi à Jésus Christ et suscité l’engagement dans son Esprit[1]. » Teilhard de Chardin écrivait quelque part : « J’aurai passé ma vie à étouffer dans une Église sans laquelle je ne peux respirer. » 

C’est, hélas, bien vrai, l’Église n’est pas parfaite. Elle n’est pas à la hauteur du message qu’elle proclame. Elle porte dans des vases d’argile un bien précieux trésor… Mais l’Évangile est quand même parvenu jusqu’à nous !

Le théologien Karl Rahner avait cette expression : « Sainte Église des pécheurs ». Additionnez des pécheurs, et cela fait l’Église ! Les chrétiens ont le réalisme, au début de chaque messe, de reconnaître qu’ils sont tout aussi pécheurs que l’institution. Cela n’empêche que l’institution elle-même et pas seulement ses membres est pécheresse, et ce jusque dans ses structures, son mode d’organisation. 

Il n’y a eu qu’un moment de transparence totale dans l’histoire des hommes : Jésus de Nazareth. L’Église a la redoutable responsabilité de faire parvenir jusqu’à nous son message. Mais, puisqu’elle est humaine, elle le fera toujours avec les forces mais aussi les faiblesses des personnes qui la composent et dans le contexte de son époque, ce qui ne la mettra pas à l’abri de bien des compromis avec les institutions politiques et les cultures de tous les temps.

Si je me laisse inspirer par Éloi Leclerc, l’auteur de Sagesse d’un pauvre, je peux reconnaître, dans la foi, que par-delà son aspect humain, trop humain, l’Église est habitée par un mystère de vie qui la dépasse. « Si elle n’est jamais aussi resplendissante que lorsqu’elle s’avance dans le dénuement des Béatitudes, écrit-il, elle n’en demeure pas moins celle qui a le pouvoir de communiquer la vie divine, quand bien même elle s’affuble des oripeaux de ce monde. » Et de reprendre l’image d’Ézéchiel (47, 1-12) : « Il y a toujours une source cachée sous le seuil du temple. Et l'eau qui en jaillit est une eau vive. Partout où elle coule, elle fait vivre[2]. »

Nous ne recevons la vie divine qu’en formant un seul corps dans le Christ, et pas chacun séparément. C’est la communauté locale qui nous permet de nous agréger à ce corps, ce lieu où nous pouvons célébrer Dieu, nous nourrir ensemble de sa Parole et communier au même pain. À nous d’en trouver une, qui soit fraternelle, chaleureuse, et ne heurte pas de front notre sensibilité. Reste alors à nous y engager pour la faire vivre. Critiquer du dehors, c’est facile. S’y engager fût-ce modestement, est un acte de foi et d’espérance.



[1]Hans Küng, Garder espoir, Paris, Cerf, 1991, p. 21.

[2] Eloi Leclerc, Chemin de contemplation, DDB 1995, p. 70-71.


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