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Un aumônier à la traîne !

  • Michel
  • 5 févr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 févr.


Charles Delhez sj —

2473 mètres. C’est l’altitude de l’hospice du col du Grand-Saint-Bernard, fondé par saint Bernard d’Aoste[1]. Notre équipe Notre-Dame avait choisi d’y monter pour un temps de retraite. À cette saison, un grand désert blanc, une nature immense, magnifique, mais rude. Le ciel peut être totalement bleu, de brouillard, ou de neige incessante. Des piquets bleus indiquent les endroits où une avalanche est possible. L’alerte de niveau 4 sur 5 nous rappelait la fragilité de notre vie.

Conseiller spirituel de cette équipe, j’avais décidé d’accompagner, oubliant qu’ils sont plus jeunes et plus sportifs que moi. Au pied du col, le vent soufflait de face, la neige nous fouettait. Un randonneur m’avait prévenu : c’est risqué, si cela ne va pas, faites demi-tour. C’est ce que j’ai fait. Au tiers de la montée en raquettes, j’avais atteint mes limites. Belle leçon d’humilité. « Il faut du courage pour se mettre en route, mais aussi pour s’arrêter », me répétait une membre de l’équipe. Nous fûmes trois à rebrousser chemin.

Grâce à l’aide de nombreuses personnes, nous avons réussi à trouver nourriture et logement. Mais était-il raisonnable de retenter l’expérience le lendemain ? Deux de ceux déjà arrivés au sommet nous annoncèrent qu’ils redescendraient pour nous accompagner dans ce nouvel essai. Au bout de six heures, au lieu de trois, épuisé mais heureux, je suis arrivé là-haut. Conseiller spirituel de l’équipe, habitué à la guider, j’ai appris à me laisser guider et à être le dernier. « Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir », dit Confucius. Nous l’avons gravie dans l’entraide mutuelle, le respect du rythme de chacun. La confiance est la meilleure des énergies.

« Ici, le Christ est adoré et nourri », peut-on à l’entrée de l’hospice. La prière des psaumes y rythme la journée et tout le monde est le bienvenu. Ce lieu a en effet été créé pour accueillir ceux qui n’en pouvaient plus. J’en étais. En chacune des personnes à qui les chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard ouvrent leur porte depuis mille ans, le Christ est accueilli et nourri (Mt 25, 35).

Un manteau de plus de 50 centimètres de poudreuse s’était ajouté durant notre séjour. La descente fut périlleuse. Un compagnon damait le chemin devant moi, un autre me suivait pour me relever lors de mes nombreuses chutes. Je me suis souvenu de celles de Jésus sur son chemin de croix. Qui donc l’a relevé ? Je ne sais, mais pour moi, il y a toujours eu un compagnon qui m’aidait à reprendre pied. J’ai été jusqu’au bout de mon effort, et j’y suis arrivé, grâce aux autres. C’est en se soutenant mutuellement qu’une équipe grandit.

Des temps d’enseignements par l’animateur et de réflexion seul ou en couple sont le menu classique d’une retraite. Au Grand-Saint-Bernard, la marche fut aussi une expérience spirituelle, une vraie purification. « Si tu n’arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore », disait Jean Giono.

Lors d’une halte dans un petit refuge, on pouvait lire l’inscription : Heureux celui qui persévère. Arrivé là-haut, sur un écriteau, il était inscrit : Heureux ceux qui ont persévéré. Cette retraite fut une véritable démarche spirituelle dans la confiance et la fraternité, au cœur de l’immense où chacun doit trouver sa place, comme dans la vie.



[1] Ou encore : de Menthon, des Alpes, du Mont-Joux. Fondation en 1050.




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