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La preuve par le linceul de Turin ?



Le linceul de Turin, ce drap de lin qui aurait recouvert le corps du Christ après sa crucifixion, est l’objet d’intenses et acharnés débats depuis des décennies. Certains s’y opposent au nom de la science, et d’autres y verraient volontiers une preuve de la résurrection.

Une nouvelle technique de datation par des rayons X, vient-on d’apprendre ce 11 avril 2022, révèle que le linceul daterait bien de 2.000 ans. Voilà qui contrarie les résultats de la datation précédente, au carbone 14, qui concluait qu’il n’avait que sept siècles et était donc une construction médiévale. La récente mesure enlève des arguments à ceux qui recherchent, au nom de la science, des supercheries dans la religion. Il ne serait pas absurde d’y croire, il peut être raisonnable d’y apporter crédit.

Avec ce linceul, aurait-on enfin la preuve de la résurrection ? Modérons nos transports. Ce qui me réjouit, ce n’est pas d’avoir un argument de plus en faveur de la résurrection, mais une objection de moins à propos du linceul. Même si la récente technique semble plus fiable que la précédente et arrive à des conclusions plus conformes à cette croyance, la recherche n’est pas achevée. Il faut continuer l’examen. La science arrive rarement à des réponses définitives. De plus, d’autres mystères entourent encore le fameux linceul, et heureusement. J’aime les mystères qui demeurent. Ils me gardent de la tentation de toute-puissance.

Trop souvent la science, mise à hauteur de nos faibles connaissances et de nos simplismes, est utilisée contre la religion, comme si elle pouvait servir de preuve, positive ou négative. Il n’y a cependant pas que le rationnel scientifique, purement logique à la manière de Descartes. il y a aussi le raisonnable, qui a à voir avec le cœur : je n’ai pas toutes les cartes en main, mais il y a assez de signes et d’indices tant intellectuels qu’existentiels pour oser m’engager.

La religion ne joue pas son avenir sur le terrain de la science. Chacune a ses règles, sa manière de procéder. De plus, la science n’est pas infaillible. Elle a connu ses erreurs, des falsifications, ses dérives (de même que la religion, d’ailleurs). Son histoire est inachevée. Elle va de théorie en théorie, la suivante remettant en question la précédente.

Il serait un jour prouvé que cette relique est un faux digne du Moyen Âge, ma foi n’en serait pas pour autant ébranlée. Nous avons certes besoin de signes, d’indices, mais il y en a tant. D’aucuns les trouveront dans la science (des livres récents s’y emploient), d’autres dans le concret de leur existence, au plus profond de leur intimité. La religion n’est pas du domaine du savoir scientifique ou du raisonnement philosophique, mais de la foi, c’est-à-dire de la confiance, ce doute sans cesse dépassé. C’est du vécu et non du connu. Elle est un pari, un engagement de soi, une expérience.

Si toutes les énigmes du linceul étaient levées – hypothèse gratuite –, je ne serais pas beaucoup plus avancé. Il me faudrait encore faire un pas de liberté et engager ma vie à la suite de ce Jésus. Le chrétien ne suit pas des reliques, mais un Vivant !


Charles Delhez s

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