top of page

La colère de Dieu

Charles Delhez sj –


Il y a de mauvaises colères. Elles proviennent de ma susceptibilité, de mon impatience, de mes complexes et obsessions. Mais il y en a aussi de bonnes, lorsque l’essentiel est touché, que les valeurs pour lesquelles je me bats sont bafouées. Face aux injustices, une légitime colère peut être un déclencheur de notre action. « L'espérance a fabriqué deux beaux enfants, la colère contre l'injustice du monde et le courage de s'y attaquer », lit-on chez saint Augustin.

Se mettre en colère peut être une manière de se faire entendre lorsque les autres moyens ont été épuisés. L’essentiel est qu’elle ne soit pas mon dernier mot, qu’elle ne m’entraîne pas à des actes que je me reprocherai par la suite. Après un moment de colère, il est donc bon de s’apaiser, fût-ce pour nos coronaires ! Elle ne peut être moteur continu de l’action. « Agir dans la colère, c’est s’embarquer durant la tempête », dit un proverbe danois.

La Bible, jusque qu’au livre de l’Apocalypse, évoque souvent la colère de Dieu. Serait-ce un anthropomorphisme ? Dieu agirait-il ainsi pour défendre son honneur ? Ne serait-ce pas plutôt le signe qu’il n’est pas indifférent à ce qui se passe sur la face de la Terre. Il ne prend jamais son parti du mal dont, de par notre liberté, nous sommes capables. Il ne peut que le condamner, il y a de l’impardonnable. Le refus de l’amour n’est pas pour lui tolérable. Notre colère ne serait-elle pas parfois notre ressemblance avec la sienne ?

Dieu n’est donc pas impassible, adjectif que lui accolaient volontiers les philosophes grecs, croyant ainsi marquer la différence entre Lui et les hommes. Puisqu’il aime l’homme, il est passionné par lui. Mais s’il connaît la colère, il est surtout miséricordieux et patient. Il espère en nous.

Dès les origines chrétiennes, les théologiens ont cherché à concilier la colère de Dieu avec sa bonté et sa miséricorde à laquelle Jésus est venu donner visage. Que l’on se souvienne de ce bijou qu’est la parabole de l’enfant qui revient vers son père et est accueilli sans avoir à rendre des comptes. Au IVe siècle, Lactance estimait que la colère de Dieu était  mue par sa bonté. Il ne peut supporter que le mal abîme l’homme. Cette colère se justifie d’ailleurs autant par son amour des victimes que des bourreaux dont le Christ a imploré le pardon de son Père jusque sur la croix.

« La colère passe avec le temps, mais pas la haine », disait Aristote. Or Dieu ne connaît pas la haine. Sa colère est l’expression de sa passion pour l’homme, elle fait partie de sa pédagogie ; son amour, lui, fait partie de son être, il n’est qu’amour, selon l’expression de François Varillon. « La colère de Dieu, c’est l’avant-garde nécessaire de sa miséricorde », écrit Maurice Bellet.

Devant celui qui s’obstinerait, Dieu serait-il capable d’une colère sans fin ? L’être humain pourrait-il définitivement refuser Dieu ? La réponse appartient à la liberté de chacun, mais il nous  faut cependant espérer que non. Nous pouvons espérer qu’il y a en chaque être une part bonne qui peut le sauver, que le bon grain fera oublier l’ivraie. Si hélas quelqu’un se retrouvait en enfer, Dieu lui-même en souffrirait éternellement. Dostoïevski avait cette réflexion audacieuse : « Si l'enfer existe, alors Dieu s'y trouve et il ne le quittera pas tant que le dernier homme n'en sera pas sorti. »



コメント


CONTACT

ACCUEIL

NEWSLETTER

Permanence au presbytère

les mardis et vendredis
de 10h à 12h

Inscrivez-vous ici

à la Newsletter hebdomadaire

de la paroisse 

Rue de l'Invasion 121

1340 Ottignies

010/45.03.72

paroisseblocry@yahoo.fr

bottom of page