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L’Église féminine !


Charles Delhez sj —

8 décembre, l’Immaculée Conception, grande fête mariale. Occasion de revenir sur la place de la femme dans l’Église. Le décalage est manifeste à ce propos entre l’évolution du monde en Europe occidentale et l’Eglise catholique. Celle-ci, en effet, se veut universelle et nous, nous sommes occidentaux et « modernes », bien sûr. Une tension pour le moins. Ce fut manifeste lors de la visite du pape à l’UCL.

Cette question de la femme était bien présente dans les débats du synode et dans les rapports continentaux. Le document final encourage d’ailleurs le leadership féminin, son ruoli di guida, son rôle de guide. François est lui-même convaincu que la femme est importante. Il féminise l’Église à pas lents, selon sa méthode, avec de temps en temps, des décisions personnelles. Aux jésuites, lors de sa visite en Belgique, il a évoqué les pas concrets déjà posés et souligné tout ce qu’elles apportent par leur présence.

Durant son pontificat, en effet, des pas importants ont été franchis. En 2022, sœur Nathalie Becquart fut nommée sous-secrétaire du synode des évêques et devint la première femme à y avoir le droit de vote. Seuls les évêques et les cardinaux pouvaient participer à cette institution synodale mise en place par Paul VI. Lors de la dernière session elles étaient 58 sur les 368 membres.

En 2022 toujours, trois femmes furent nommées à l’instance vaticane chargée de choisir des évêques. La même année, le pape décidait que les femmes pourraient accéder au plus haut niveau de responsabilité dans les dicastères, ces ministères du Vatican. Seuls les évêques le pouvaient jusqu’alors. La première préfète d’un dicastère romain pourrait être nommée d’ici la fin de l’année. 

Sait-on qu’à Bruxelles, certaines femmes coordonnent une unité pastorale ou un doyenné sans être prêtres ? Dans le Brabant wallon, une femme est dorénavant déléguée épiscopale, remplaçant ainsi un évêque. Le président de la conférence épiscopale française n’hésite pas à dire, à titre personnel, qu’il verrait bien le pape entouré d’un collège de cardinaux dans lequel il y aurait des femmes.

Reste la difficile question de leur ordination, et d’abord comme diacres. Le pape s’y était opposé, mais il a levé son veto lors de la dernière session du synode. Tout est donc à nouveau possible. Si un jour des femmes étaient ordonnées diacres, ce que beaucoup de rapports préparatoires ont demandé, ce serait la porte ouverte pour les femmes-prêtres.

Le pas que l’on hésite à franchir est en effet celui de l’ordination. Lors du synode sur sur l’Amazonie, François a institué de nouveaux ministères, c’est-à-dire des services intérieurs à l’Église, et les a ouverts aux femmes : le lectorat et l’acolytat. Mais il ne s’agit pas encore d’une ordination qui fait passer quelqu’un au rang de clerc, mot toujours masculin.

« Le féminisme pourrait bien sauver l’Eglise d’elle-même », estime le sociologue Josselyn Tricou. Plus elle sera féminine, en effet plus elle aura les promesses de la vie éternelle ! Quand François a déclaré que l’Eglise est femme et que Marie en est la figure, il voulait donner à cette institution séculaire un visage plus féminin alors qu’elle apparaît souvent uniquement masculine. Mais à quand de nouveaux pas ? Il nous faudra sans doute encore un peu de patience.




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