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Jakarta, invitation à la fraternité

Charles Delhez sj —


À l’heure de cette chronique, l’infatigable François, âgé de 87 ans, terine son 45e voyage, le plus long : 12 jours dans le Sud-Est asiatique et l’Océanie. Le voilà, une fois de plus, aux frontières. Voyage symbolique de tout son pontificat en quête de fraternité et de dialogue entre les religions, particulièrement avec l’islam. Dans ces régions, nombreux sont les lieux de coexistence entre musulmans et chrétiens, même si le christianisme, en pleine croissance, y est nettement minoritaire, comme il l’est devenu dans nos sociétés occidentales. Cette croissance est due principalement aux catéchistes, « la force de l’Eglise », a souligné le Pontife.

Zoomons sur Jakarta, la première étape avant la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor oriental et Singapour. Cette ville est l’ancienne capitale de l’Indonésie. Depuis août dernier, en effet, Nusantara est la nouvelle, car en 2050, Jakarta devrait être sous eaux à cause du réchauffement climatique.


L’Indonésie, avec ses 17.500 îles, ses 1300 ethnies et peuples, est le plus grand pays musulman : 242 millions d’Indonésiens, soit 87 % des habitants, se réclament de l’islam. Six confessions religieuses y sont reconnues officiellement, dont le protestantisme (7 %) et le catholicisme (3%). Cet archipel se veut ouvert et tolérant, malgré, semble-t-il, certains traitements inéquitables et une forme de ségrégation. Là aussi, la réalité n’est pas tout à fait conforme avec l’image que l’on veut se donner, mais les efforts sont louables.

Jakarta était le lieu idéal pour que le pape François revienne sur son discours de fraternité universelle. Citant une poétesse polonaise qui écrivait qu’être frère signifie s’aimer en se reconnaissant « différents comme deux gouttes d’eau », François a expliqué que « vivre la fraternité, c’est s’accueillir les uns les autres, en se reconnaissant égaux dans la diversité. »

Le dialogue interreligieux est des grands objectifs de ce pontificat, et notamment avec l’islam. Christianisme et islam sont en effet les deux grandes religions prosélytes. Elles débordent le lieu où elles sont nées (contrairement au judaïsme ou à l’hindouisme liés à un peuple précis). Annoncer l’Évangile ne signifie pas pour autant « imposer ou opposer sa propre foi à celle des autres, mais donner et partager la joie de la rencontre avec le Christ », a précisé le pape, tout en invitant la minorité catholique à en témoigner.

La rencontre avec le grand imam, devant l’immense mosquée conçue par un architecte indonésien de confession chrétienne, fut un moment marquant. En face, la cathédrale catholique s’élève et, entre les deux, un « tunnel de l’amitié » que le pape a béni. Sur l’esplanade, les autorités religieuses du pays ont pu écouter une jeune musulmane aveugle psalmodiant une sourate du Coran, puis un prêtre lisant la parabole du Bon Samaritain.

Le pape a invité à regarder toujours en profondeur pour trouver la racine commune à toutes les sensibilités religieuses, au-delà des aspects visibles. Les religions, a-t-il affirmé, ont en commun « la quête de la rencontre avec le divin, la soif d’infini », mais il a aussi mis en garde contre l’écueil de rechercher à tout prix des points communs. C’est l’amitié qu’il faut cultiver.


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