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Ici-bas, tout est semailles



L’histoire humaine semble bien fragile, malgré ses allures de puissance. La mort règne de génération en génération et l’humanité elle-même pourrait n’avoir été qu’une aventure assez courte. Pourtant, s’il y a bien une tradition qui traverse les siècles et les civilisations, c’est le culte des morts.

La foi en une survie a pris différentes formes, notamment immortalité de l’âme, la résurrection de la chair, le culte des ancêtres, la réincarnation, mais je ne connais guère de culture qui limite notre existence à cette seule vie terrestre. L’homme de Neandertal, déjà, enterrait ses proches en position fœtale, avec de la nourriture. Il avait au cœur une espérance semblable à la nôtre.

Le croyant — et qui ne l’est pas à certaines heures ? — proclame que la vie ne s’arrête pas avec la mort. Nos relations seront transfigurées, non pas anéanties. « La mort, c'est encore vivre, mais autrement. De cela, j'ai trop de signes », a pu déclarer Amélie Nothomb.

Dans le sentiment d’exister, je goûte quelque chose d’éternel. Une intuition d’éternité, illusoire diront certain, accompagne cette prise de conscience. Dès aujourd’hui, nous pouvons percevoir en nos gestes les plus simples « une parcelle d’illimité et toucher les étoiles[1] », écrit Benoît Hissette.

Je ne crois pas, personnellement que cette « immortalité » soit le fruit de l’évolution, comme si celle-ci avait pu produire plus qu’elle-même. L’éternité est don de Dieu ; au terme de l’évolution est apparu un être capable de l’accueillir.

Le père jésuite Auguste Valensin, au siècle dernier, a écrit une magnifique prière : « Les sentiments que je voudrais avoir à cette heure (et que j’ai actuellement) : penser que je vais découvrir la Tendresse. Ô mon Père, merci de m’aimer ! Et ce n’est pas moi qui vous crierai que je suis indigne ! En tous cas, m’aimer, moi, tel que je suis, voilà qui est digne de vous, digne de l’amour essentiel, digne de l’amour essentiellement gratuit[2] ! »

Il y a dès aujourd’hui une étroite relation entre les vivants et les morts. Cette conviction anime ceux qui célèbrent la Toussaint. La mort ne rompt pas les liens tissés. Et c’est la même espérance qui est fêtée à Pâques : la mort n’a pas érigé un mur entre Jésus et ses disciples. Ils ont découvert, émerveillés, qu’il était encore avec eux jusqu’à la fin des temps, présence intériorisée, certes, mais peut-être d’autant plus forte.

Le 1er novembre, les chrétiens proclament leur foi : ceux de nos frères qui ont déjà fait le passage restent en communion avec nous. Les saints du calendrier nous aident par leur exemple, leurs écrits, leur prière. Les saints de nos familles sont toujours des nôtres et, mystérieusement, peuvent encore nous aider.

Le 2 novembre nous fait voir l’au-delà d’un autre point de vue. Si les défunts prient pour nous, nous prions aussi pour eux. L’éternité, c’est enfin aimer comme Dieu aime. Qui, à l’heure de sa mort, pourra se dire de plain-pied avec cet immense amour ? Mais Dieu, par son pardon, nous purifiera et nous accueillera dans sa plénitude. Par notre prière, nous restons solidaires et accueillons avec eux ce pardon.

Le poète chrétien Paul Claudel a fait graver sur sa tombe : « Ici repose la semence de Paul Claudel ». Ici-bas, tout est semailles, mais il y aura une fête de la récolte, et elle sera éternelle.

Charles DELHEZ sj

[1] Cfr Benoît Hissette, Carnets d’un guichetier ou l’étonnant ordinaire, Fidélité 2020, p. 35. [2] Auguste Valensin, La joie dans la foi, Aubier 1954, p. 106.

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