Léon XIV
- Michel
- il y a 1 jour
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Charles Delhez sj —

« Le monde a un nouveau pape », ai-je pu entendre ce vendredi matin à la radio. Le monde, et pas seulement l’Église ! Distraction du présentateur ou signe de ce qui se passe effectivement : c’est bien le monde qui attendait un nouveau pape. L’impressionnante couverture médiatique de ce temps de deuil, de conclave et d’élection en fait foi.
Et voilà donc Léon XIV, un pape natif des États-Unis (1955), nationalisé péruvien (2015), fils d’un père d’ascendance franco-italienne et d’une mère d’ascendance espagnole, tous deux de familles de mulâtres et d'esclaves noirs de Louisiane, à l’image de notre humanité de plus en plus multiculturelle. Son nom évoque Léon XIII, de la fin du XIXe siècle, qui a fait entrer la doctrine sociale dans l’héritage de l’Église.
Lors de sa première apparition à la loggia de Saint-Pierre, qui n’avait pas la spontanéité de François. Il a indiqué clairement son souci de la paix, de la continuité avec son prédécesseur qu’il a chaudement remercié. Il y a en effet un fil rouge dans l’histoire des derniers papes : Jean XXIII lance le concile Vatican II, Paul VI lui permet d’atterrir. Après le bref sourire de Jean-Paul Ier, Jean-Paul II fut un pape politique et médiatique, assez strict sur la doctrine. Benoît XVI lui succédera, dans la même ligne doctrinale, mais avec moins de charisme. François, lui, a marqué une rupture de style et opéré un tournant important dans la ligne de Vatican II : la synodalité. Léon XIV poursuivra, mais sans doute avec plus de nuances. Par son tempérament, en effet, François était un fonceur : il a mis l’Église en ébullition. Il faut maintenant l’apaiser.
Léon XIV a été élu pour refaire l’unité. Sa devise « In Illo uno unum », « En Lui, nous sommes un ». Lui, c’est le Christ. Elle est tirée de saint Augustin. Notons que ce pape est à nouveau issu d’un ordre religieux. Après un pape ignatien, un pape augustinien. Qu’elle est riche, la spiritualité multiforme de l’Église !
Le parcours tricontinental du nouveau pape aidera L’Église à continuer à faire le pari de l’universalité, de l’unité et de la diversité. Il fut homme de terrain proche des pauvres, pendant 20 ans. Responsable international de son ordre, il s’est ouvert aux dimensions du monde. Voici deux ans, François l’a appelé à Rome, au dicastère des évêques : il pourra faire le lien avec cette curie qui s’est sentie parfois malmenée par le pape argentin dont les mots pouvaient être directs et les décisions imprévues. Il faut des gens qui osent, mais aussi des personnes qui régulent.
Du nouvel évêque de Rome, inattendu comme François et élu plus rapidement encore, des millions de gens attendent une parole universelle en ces temps si éclatés de reconfiguration géopolitique et de guerre. « La paix soit avec vous », furent ses premiers mots. C’est le souhait de Jésus au soir de Pâques. « À tous les peuples, à la terre entière. Que la paix soit avec vous. Une paix désarmée et une paix désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu. » Et d’inviter à « construire des ponts par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un peuple toujours en paix ».
On l’a deviné, je suis optimiste et plein d’espérance. Le nouveau pape a beaucoup d’atouts. Terminons par son message d’espérance. Nous en avons tous besoin : « Dieu nous aime. Dieu nous aime tous. Et le mal ne vaincra pas. »
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