Les grandes attitudes de l’espérance
- Michel
- 21 mai
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Charles Delhez sj —
En cette année jubilaire, initiée par feu le pape François, mais qui continue sous Léon XIV, les propos sur l’espérance abondent. La théorie est toujours aisée. Mais le plus important est d’adopter les attitudes de l’espérance. En voici cinq.
L’espoir est plus aisé que l’espérance, car cette dernière nous engage. L’espoir n’est qu’un souhait, un rêve. L’espérance, elle, nous fait retrousser les manches. Comment travailler à un monde meilleur ? est la bonne question. Voici la réponse : en regardant en moi ce que je peux déjà changer. Rappelons-nous la célèbre phrase de Gandhi : « Sois le changement que tu espères pour le monde. » Chacun dispose en effet de leviers, encore faut-il les actionner. Dieu donne l’avenir à celui qui laboure le quotidien.
Il est si facile de broyer du noir, dans nos pensées secrètes ou dans nos conversations, et de cultiver le pessimisme. Les infos quotidiennes faites surtout de mauvaises nouvelles nous y aident, nos bavardages l’entretiennent et créent un climat d’anxiété. L’espérance, elle, est un changement de regard. Tant de personnes en effet s’activent pour qu’advienne un autre monde. Ouvrons les yeux et parlons-en ! N’oublions pas la veuve de l’évangile : par ses deux piécettes, elle contribue pour sa part à l’entretien du Temple. Jésus l’avait repérée. La quantité infinie de gestes semblables permet à notre monde de continuer sa course. Même dans les situations les plus difficiles, des graines d’espérance peuvent se glisser. Je ne suis pas le seul à espérer et à retrousser mes manches, nous sommes une foule immense.
La troisième attitude, chère au pape François, est le discernement. Les mirages sont nombreux, les fausses espérances nous aveuglent, l’illusion technologique nous détourne de l’essentiel. Nous qualifions trop vite de progrès ce qui n’est pas nécessairement une avancée positive, et nous faisons si souvent mauvais usages de toutes ces nouveautés. Certaines avancées améliorent la vie, d’autres la défigurent. Il nous faut apprendre à trier le bon grain et l’ivraie, et à ajuster notre style de vie en fonction de ce discernement.
Pour le croyant, l’espérance est tout autre chose que l’espoir, elle est une vertu, une vertu théologale, un don de Dieu. Il nous faut la lui demander dans la prière. La phrase de saint Ignace, souvent mal citée, est éclairante : « Aie foi en Dieu, comme si tout dépendait de toi et rien de lui ; agis, comme si tout dépendait de Dieu et rien de toi[1]. » Paradoxe total ! Agis, mais dans la confiance en lui ! Prie, mais pas les bras croisés. Dieu et toi concourrez au même but, chacun à sa façon. Il s’appuie sur toi, appuie-toi sur lui ! Vous partagez la même espérance !
Enfin, cette attitude essentielle : la patience. À vouloir aller trop vite, on fait parfois plus de mal que de bien. La patience épouse le rythme lent de nos conversions et respecte la lenteur des autres. Mais n’oublions pas l’imprévisible. Pour le chrétien, Noël et Pâques sont de cet ordre. Isaïe voyait dans la naissance d’un enfant un nouvel avenir possible pour le peuple qui marchait dans les ténèbres ; au matin de Pâques, la pierre roulée de devant le tombeau était pour les disciples, un inattendu. Oui, l’espérance se fraie un chemin de manière parfois surprenante !
[1] Maxime forgée par le jésuite hongrois Gábor Hevenesi (1656-1715).
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