Charles Delhez sj –
Durant l'été, un peu partout, des camps vont fleurir dans le paysage belge. En Belgique, environ 180.000 garçons et filles sont en effet engagés dans le scoutisme, soit près de 7 % des jeunes du pays[1]. Le projet éducatif de Baden-Powell a pour but leur développement intégral dans ses dimensions affective, spirituelle, sociale, intellectuelle et physique. Les trois doigts levés du salut scout rappellent les trois principes du scoutisme, le principe social ou devoir envers les autres, le principe personnel ou devoir envers soi-même et le principe spirituel ou devoir envers Dieu. La méthode? Le jeu, la vie en équipe, la simplicité au cœur de la nature, la prise de responsabilité, le langage symbolique et les rites. Tout cela mène le jeune hors de sa zone de confort.
Les deux piliers, selon Baden Powell, sont la Loi et la Promesse. "La loi scoute, disait-il, est établie comme guide des actes du scout et non comme instrument de répression de ses défauts". Cette loi développe une certaine vision de la société. Selon son organisation mondiale, le scoutisme a, en effet, "pour mission de contribuer à l’éducation des jeunes afin de participer à la construction d’un monde meilleur peuplé de personnes épanouies, prêtes à jouer un rôle constructif dans la société".
Quant à la promesse, "elle marque l'adhésion aux valeurs de cette loi", lit-on dans les Balises pour l'animation publiées par la Fédération Les Scouts. "Elle se vit habituellement chez les éclaireurs, mais d'autres moments qui la préparent ou la renouvellent peuvent ponctuer le parcours."
Donner des repères aux jeunes et les appeler à s'engager, voilà le scoutisme. Il se veut être un lieu de transmission et d'éducation aux valeurs. Et ce sont des jeunes aînés qui les transmettent à leurs cadets, selon une pédagogie de la progressivité. Par étape, la compréhension de ces valeurs se développe en les pratiquant et en les voyant pratiquées par les aînés ou par les pairs, notamment lors des camps. À chaque étape, chacun fera de son mieux pour les vivre.
Le scoutisme est habité par cette conviction qu'il existe une force qui dépasse l'Homme. La spiritualité est donc partie constitutive du scoutisme, avec une ouverture religieuse respectueuse des convictions de tous, celles de la majorité ou d'une minorité. Elle s'expérimente dans une discussion au coin du feu, en regardant les étoiles, en s'émerveillant de la beauté du paysage, en vivant des relations profondes et vraies, durant les cérémonies de la promesse, ou encore lors d'une messe libre.
Et la religion ? Elle est présente, mais sans obligation. "Les animateurs sont des éveilleurs qui suscitent la réflexion et l'échange en s'appuyant sur des références, entre autres chrétiennes, pour aller au-delà de la conviction individuelle", peut-on encore lire dans Les Balises. J'ai personnellement la chance d'être accueilli depuis plus de 20 ans dans une unité où les convictions sont variées, à l'image des temps qui sont les nôtres, mais où la foi chrétienne peut être proposée. Quelle richesse que cette coexistence !
Bref, le scoutisme est une utopie partagée, au sens le plus positif du terme. Il est un rêve non pas solitaire, mais à plusieurs et devient déjà ainsi une réalité. En une époque en recherche de sens et en rupture de transmission, ce mouvement apparaît comme une oasis rafraîchissante, une invitation adressée à notre société. Que voulons-nous transmettre?
[1] La Fédération Les Scouts d'origine chrétienne, dont je fais partie, en rassemble environ 66.000.
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