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Bonnes et mauvaises habitudes



Charles Delhez sj –



“La seule habitude que l'on doive laisser prendre à l’enfant est de n’en contracter aucune”, disait Jean-Jacques Rousseau. Bien sûr, il faut veiller à ce qu'une habitude ne devienne pas une routine. Quoi de plus triste, en effet, qu’une vie sclérosée, où il n’y a pas place pour la fantaisie ! Il y a aussi des habitudes dont le vrai nom est « assuétude », et donc esclavage. Il est difficile de s'en libérer. Pour y aider on peut d'ailleurs trouver sur le Net des sites du genre : Mauvaises habitudes : comment s’en débarrasser ?

Pourtant, je crois que notre philosophe des Lumières n’avait pas tout juste, et même que ses propos excessifs étaient trompeurs ! Il y a de mauvaises habitudes, il y en a aussi de bonnes. Elles facilitent l’existence. Supprimez-les et vous verrez. Des décisions ont été prises une fois pour toutes. Si on devait peser le pour et le contre chaque fois qu’on se brosse les dents ou pour d'autres gestes quotidiens, la vie en deviendrait épuisante. Cette énergie ne pourrait-elle pas être utilisée à autre chose ! Personnellement, en communauté, je suis chargé des poubelles. Ce m'est devenu une habitude de veiller à ce qu'elles soient sorties le bon jour et que les vieux papiers soient régulièrement empaquetés. La corvée a fini par devenir un passe-temps, et même divertissant !

Il faut donc des habitudes, à ne pas confondre avec des manies, voire des obsessions ! Si dans une vie de couple ou dans la vie chrétienne, il n'y a pas d’habitudes, de règles, de points de repère, nous nous laissons aller à notre pure spontanéité et celle-ci – même s’il faut toujours en avoir – n’est pas nécessairement la meilleure conseillère

Le temps du Carême n'est-il pas idéal pour prendre de nouvelles habitudes, de bonnes bien sûr. Il paraît d'ailleurs que le cerveau n'a besoin que de 21 jours, soit 3 semaines, pour qu'une habitude devienne un quasi-automatisme. Et le Carême dure 40 jours. En voilà plus qu'il n'en faut.

Ne serait-il pas bon, par exemple, que nous reprenions l'habitude de prier quotidiennement, si du moins nous l'avons perdue. Il ne faut pas nécessairement de longues prières, disent les spirituels, mais il faut qu'elle soit régulière et pas seulement conditionnée par notre humeur ou nos envies. Si je cesse de parler régulièrement à Dieu comme un ami parle à un ami, j'en finirai par oublier qu'il existe. Le confinement de la Covid nous a aussi parfois fait perdre l'habitude de la messe hebdomadaire. Ne serait-il pas heureux, si nous voulons nourrir notre vie chrétienne, que nous prenions la décision de rejoindre la communauté chrétienne au premier jour de la semaine, celui où Jésus est ressuscité ?

Sans la participation de tous ses membres, la communauté n’existe pas. Sans la communauté, notre foi se perdra. “Chrétiens ensemble, jamais tout seuls ! ” C’est en effet avec mes sœurs et frères que je peux me relier au Christ. La chance de Thomas, l’incrédule, est d'avoir été fidèle au rendez-vous communautaire. Huit jours plus tard, nous raconte saint Jean, les disciples étaient à nouveau réunis dans la maison et Thomas, cette fois, était avec eux. On connaît la fin de l’histoire. Ce qui a sauvé Thomas, c’est la communauté.

Bien sûr, aucune habitude ne peut devenir un absolu. Il faut pouvoir les remettre en question. Mais on ne peut s'en passer.

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