L’enfant, un pari sur l’avenir
- Michel
- 18 juin
- 2 min de lecture

Charles Delhez sj —
Nos sociétés vieillissent ! Une usine japonaise a renoncé à fabriquer des couches pour enfants et s’est reconvertie dans celles pour adultes. Les pays développés connaissent une chute rapide de la natalité. Ainsi, l’Italie connaît le taux de fécondité le plus bas d’Europe : 1,24 enfant par femme. L’Occident n’est pas le seul concerné. De nombreux pays émergents deviennent vieux avant d’être riches, constate le journal Le Monde. Il faudra bientôt gérer la période où les personnes âgées seront plus nombreuses que la population active. C’est une question de deux ou trois générations. Nous ne sommes donc plus en route vers une surpopulation mondiale.
En Belgique, la moyenne est de 1,45 enfants par femme, il en faudrait 2,1. En tenant compte des décès, le bilan naturel belge est négatif ; la population vieillit d’autant plus que l’espérance de vie augmente. « Un monde sans enfants est un monde mort », estime l’essayiste Jean Birnbaum, auteur de Seuls les enfants changent le monde (2023). Le pape François, avec sa verve bien connue, faisait le lien avec le dossier migratoire : « Les migrants sont, d’une certaine manière, les enfants que nous ne voulons pas avoir. »
Jadis, l’enfant représentait une valeur marchande : il partait au travail et permettait à la famille de vivre. C’était une incitation à en avoir beaucoup, d’autant que la mortalité infantile était élevée. Aujourd’hui, les femmes ont appris à dissocier la féminité de la maternité. En France, dit-on, 30% des femmes en âge de procréer déclarent ne pas vouloir d’enfant. De plus, la maternité se fait tardive et l’infertilité touche un couple sur cinq.
La contraception et l’avortement ont facilité cette dénatalité, mais ils n’en sont certainement pas les causes premières. De plus, nous traversons une multi-crise : économique, climatique, sanitaire, énergétique… Une angoisse civilisationnelle nous étreint, une inquiétude face à l’avenir. Que de jeunes ne veulent plus d'enfants, car demain est incertain et la surpopulation menacerait la planète. Mais alors, pourquoi se battre s’il n’y a plus de futur ? Le couple matérialisme-individualisme pèserait-il aussi dans la balance ? Serait-ce, sans se l’avouer, pour sauver notre style de vie occidental, du moins pour le moment? Or, proclame Laurence Aubrun, dans son livre Enceintes (2021), « la maternité est une brisure définitive de l’égoïsme, une école du don ».
Les politiques natalistes ne réussiront sans doute pas à augmenter la fécondité. Une fois que le taux a chuté, il ne remonte jamais. Alors, où est la solution ? Tout simplement dans l’amour de la vie qui entraîne le désir de la transmettre. Si la vie est pour nous une joie, un bonheur, pourquoi le garder rien que pour nous ? Mettre un enfant au monde, c’est parier sur demain. C’est un acte de foi, un engagement d’amour, une prise de responsabilité. Sa venue est une incitation à se battre pour que notre planète soit accueillante, que notre société soit animée par des valeurs positives…
Laissons le dynamisme de la vie nous traverser ! En cette période de mutation profonde, je forme le vœu que les enfants encore à naître apportent une touche nouvelle à notre humanité si inquiète. « Chaque enfant qui naît, écrivait le poète hindou Tagore, porte en lui l’espoir que Dieu n’est pas découragé au sujet de l’homme. »
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