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Le coach St Paul


Le 29 juin, fête des saints Pierre et Paul. Paul de Tarse n’a pas toujours bonne presse chez les catholiques, c’est le moins qu’on puisse dire. On lui reproche sa misogynie, oubliant, comme dirait le pape, qu’ « une époque doit être interprétée avec l’herméneutique de cette époque ». On ignore tout simplement l’énorme pas en avant que cela représentait pour son temps de proclamer l’égalité de l’homme et de la femme ! Mais qui a lu Paul en entier pour le savoir ? On trouve aussi ce converti fort ardu dans ses considérations théologiques, ce qui est au moins une manière de reconnaître qu’il n’est pas simpliste et qu’il fait montre d’une intelligence et d’une culture hors de commun, qui le classe parmi les grands esprits de son temps.

Il y a plusieurs saint Paul : le théologien de haut vol qui impressionne, l’homme sensible qui fait confidence de sa vie intérieure et spirituelle, le pasteur soucieux des communautés qu’il a fondées ou visitées. Mais il y a aussi le coach, celui qui prodigue de bons conseils. L’envie me prend d’évoquer cette sagesse qui parcourt ses lettres, l’art de vivre qu’il propose et qui rivalise aisément avec celle des stoïciens et des épicuriens de son époque, même si, à côté des points communs, il y a de nettes différences, notamment à propos de la conception du divin. L’hypothèse de contacts de l’apôtre avec Sénèque, un des grands maîtres à penser du courant stoïcien a d’ailleurs été émise par des historiens.

Prenons quelques exemples. Ainsi cet extrait souvent choisi par les fiancés pour la messe de leur mariage, dans le chapitre 12 de la lettre aux Romains :

Ne brisez pas l’élan de votre générosité, mais laissez jaillir l’Esprit.

Bénissez ceux qui vous persécutent ; souhaitez-leur du bien, et non pas du mal.

Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent.

Soyez bien d’accord les uns avec les autres ; n’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous fiez pas à votre propre jugement[1].

On peut aussi lire, dans la lettre aux Philippiens :

Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres[2].

Le texte inégalé est bien sûr l’hymne à l’amour, ou, pour être plus près du terme original[3], l’hymne à la charité, cet amour qui va jusqu’au don de soi-même. C’est un des classiques des mariages. Il nous décrit la coupole de toutes les valeurs, sans qui les autres ne sont que du vent.

Si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien[4].

Dans la lettre aux Galates, on peut en voir un beau développement :

Vivez sous la conduite de l’Esprit Saint. Voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit[5].

Chacun pourrait se faire sa petite anthologie des exhortations de saint Paul, et de temps en temps se les rappeler ! Merci, Paul !

Charles Delhez sj

[1] Romains 12, 14-16. [2] Philippiens 2, 4. [3] Agapè, en grec ; caritas, en latin. [4] 1 Corinthiens 13, 1-13. [5] Galates 5, 16-25.


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