Patrick Goujon – LLB, 31 octobre et 1er novembre 2022, p. 37.
Interview de Bosco d’Otreppe
Durant mon adolescence, la violence qui règne dans le monde m’avait rendu l’idée de Dieu impossible. Je ne pouvais accepter qu’il laisse le mal exister de la sorte. Quelque chose en moi s’est retourné quand j’ai vu que Dieu entendait la misère de son peuple, qu’il a décidé de venir parmi nous. Dieu n’est pas celui qui arrête les combats, mais il est celui qui nous permet de traverser la violence humaine. Il nous tend une main, il ouvre des passages. Quand j’ai réalisé que Dieu m’aimait, qu’il était à mes côtés, cela m’a donné une force incroyable ; non la force des vainqueurs, mais des sauvés, de ceux qui sont blessés, mais savent qu’ils ne sont pas abandonnés.
Vous êtes prêtre, vous avez réalisé avoir été abusé par un prêtre… Cela a-t-il remis en question votre vocation ? Avez-vous pensé quitter la prêtrise ?
Cela a interrogé mon célibat. Je me suis demandé ce qu’il pouvait cacher. L’avais-je choisi librement ? De telles questions se travaillent uniquement avec des psychothérapeutes. Ceux-ci m’ont permis de comprendre qu’il avait pu être un refuge, mais que je m’y étais engagé également pour d’autres raisons qui m’appartiennent. Surtout, je demeure heureux d’annoncer l’Évangile en tant que prêtre.
Vous êtes heureux dans l’Église ?
Non, pas du tout en ce moment. Je suis en colère et révulsé par le manque de courage des évêques qui n’ont pas été transparent face à des cas d’abus encore révélés récemment. Leur attitude me fait vraiment mal. L’église chute et rechute encore, car il lui manque toujours le courage de la vérité. En revanche, une chose n’est pas détruite, c’est que la foi d’hommes et de femmes en Jésus existe et continue d’exister. Cela me rend heureux d’être aux côtés de ces personnes.
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