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Noël et Pâques se donnent la main

– Charles Delhez sj –

Noël approche. Cette fête a une force symbolique et sentimentale des plus fortes, plus que le Nouvel An, la Toussaint et Halloween, ou encore Saint-Nicolas. Mais il y a une autre fête qu’il ne faudrait pas oublier, celle de Pâques. S’il n’y avait pas eu le matin de Pâques, qui aurait fêté Noël ?

Noël et Pâques, semblables et différentes ! Du côté de Noël, il y a quelque chose à voir : un enfant. Romantique, émouvant, comme toute naissance ! C’est la vie qui germe, qui se donne à accueillir. Merveilleux cadeau ! Comment pourrait-on le refuser ? Et un enfant pauvre couché dans une mangeoire, entouré d’un bœuf et d’un âne, sous le regard attendri de la maman et du père protecteur, c’est encore plus attendrissant.

Du côté de Pâques, la tombe est vide. Il faut les yeux de la foi, ce qui suppose un engagement plus fort.. Certes, à Pâques, les églises sont pleines, mais pas autant qu’à Noël. À Noël, la vie s’offre comme spontanément. À Pâques, il faut faire le pari de la vie jusqu’au bout. Et chacun apprend, un jour ou l’autre, que ce pari n’est pas facile, qu’il est à refaire souvent. Il ne s’agit plus d’un instinct, comme celui de se reproduire, mais du choix libre de vivre malgré le non-sens apparent.

Ces deux fêtes célèbrent cependant la lumière. La première, au solstice d’hiver. Le soleil est au plus bas sur l’horizon de l’Occident. Et voilà, heureusement, qu’il reprend de la hauteur, il vit son Orient. A Pâques, c’est la lumière au sein même des ténèbres du Vendredi saint, celle qui jaillit, mystérieusement, de la mort. Un feu nouveau sera béni au cœur de la nuit et le cierge pascal, de sa petite flamme, éclairera toute l’église, sa lumière se propagera petit à petit parmi les participants.

Autre point commun, la faiblesse et la fragilité. Deux signes qui nous disent l’humilité de Dieu. Quoi de plus fragile, en effet, qu’un nouveau-né qui attend notre protection, qui ne peut vivre seul ? Quoi de plus faible qu’un crucifié sur une croix ? La vie serait-elle plus forte que toutes les faiblesses qui la fragilisent ? Telle est l’audace de l’Évangile : reconnaître sur le visage du crucifié celui du Ressuscité. C’est une expérience de foi, celle de la présence du Vivant dans son absence, une présence ni physique ni visible, mais intérieure, spirituelle. Le chrétien se laisse rejoindre à l’intime de lui-même par celui qui, il y a deux mille ans, a proclamé le Royaume et a donné sa vie pour qu’il advienne.

Et quelle preuve de tout cela ? Rien que des signes ! Le plus explicite, ce sont les communautés chrétiennes de par le monde au fil des vingt siècles. Mais leur tentation est de s’ériger en système plutôt que de bâtir une communauté fraternelle. Et dès qu’il y a système, il y a dérapage possible. « Il ne restera pas pierre sur pierre », avait dit Jésus en contemplant le temple de Jérusalem quelques jours avant sa passion. Pâques invite à rebâtir le temple Église. Aujourd’hui, dans nos pays, nous ne sommes plus une majorité écrasante, mais un « petit reste » pour parler comme les prophètes de l’Ancien Testament. Nous sommes invités à renaître ensemble, petitement, humblement, dans la confiance.

Oui, Noël et Pâques se donnent la main dans la fragilité et l’espérance…

Joyeux Noël !

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