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Le petit reste



En France, il y a quelques semaines, les statistiques religieuses ont fait la une. Pour la première fois, le nombre de ceux qui se disent catholiques est passé sous la barre des 50%, et chez les jeunes, les chiffres ont encore plus évidents. Ce qui se passe dans ce pays est très proche de ce que nous connaissons en Belgique, même s’il y a des nuances importantes.

Par ailleurs, selon des statistiques publiées par le Vatican, le nombre de catholiques ne cessent de diminuer sur le Vieux Continent[1]. En revanche, en un an, il a augmenté de 15,41 millions, dans le reste du monde. Selon l’agence Fides, les catholiques représenteraient 17,74% de la population mondiale. Ces chiffres valent ce qu’ils valent, comme toute statistique, bien sûr. Mais ils sont indicatifs et confirment ce que nous voyons de nos yeux : le christianisme n’est plus en grâce en Europe occidentale. Le feu chrétien a pris sur notre Planète. Il continue à brûler un peu partout, mais pour le moment, ce n’est pas chez nous qu’il est le plus vif.

On a beau dire que les dérapages que connaît l’Église sont aussi ceux de la société. – Et c’est vrai, c’est notre humanité qui va pas trop bien. – Cela dit, on aurait pu espérer que l’Église, porteuse d’un tel message, face au moins un peu exception. Là est le scandale : nous sommes en porte-à-faux avec ce que nous annonçons. Si les chiffres baissent en Occident, cependant, ces scandales ne sont pas la seule explication. Nous connaissons un vieillissement de civilisation et notre religion ancestrale n’est pas épargnée.

Dans cette situation, on ne s’étonnera pas que le nombre de prêtres, stable dans le monde, s’effondre en Europe. On pouvait s’y attendre. Les prêtres se recrutent parmi les croyants pratiquants. Si l’on regarde la moyenne d’âge de nos communautés dominicales, il est aisé d’en tirer les conclusions. Quand le lait ne bout pas, il ne déborde jamais, disait le cardinal Danneels à propos des vocations. En France, le ratio est d’un curé pour plus de vingt paroisses. En Belgique, en 2019, pour 3791 paroisses, il y avait 613 prêtres diocésains de moins de 65 ans[2]. Pour prendre la relève, on comptait 63 séminaristes pour les 7 ans de formation, soit moins de 10 par an.

Heureusement, l’Église ne se réduit pas aux prêtres. Le plus important, c’est la vitalité des communautés. En Afrique profonde, les villages ne reçoivent la visite du prêtre que l’une ou l’autre fois par an. Les tâches sont donc distribuées autrement. En Europe, il y a tout juste 50 ans, le 26 novembre 1971, Rome permettait à l’épiscopal français de députer des laïcs pour présider les funérailles. Signe prémonitoire. Cette redistribution des tâches est une urgence. Le pape François, qui n’est pas un grand partisan du cléricalisme, nous invite à aller dans ce sens quand il parle de synodalité. C’est ensemble que nous faisons route.

Nous sommes un « petit reste », pour reprendre l’expression biblique à propos du peuple en exil à Babylone. Or, ce fut pour les Juifs un temps de grâce

Charles Delhez sj

[1] L’Europe a enregistré une baisse de 292’000 catholiques pour arriver à un total de 285,6 millions. [2] 504 prêtres ont entre 65 et 75 ans, âge auquel ils sont encore souvent très actifs. La majorité des prêtres (51,4%) est au-dessus de 75 ans. Il y a aussi 374 prêtres religieux prêtés par leurs supérieurs (sans précisions d’âge) et 381 prêtres originaires d’autres pays.

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