Charles Delhez sj –
La Belgique n'est pas la France et les jeunes Belges ne sont pas les jeunes Français. À bien des égards, mais aussi au niveau religieux. Le journal La Croix commentait récemment un questionnaire en ligne envoyé aux inscrits des prochaines JMJ à Lisbonne. Une initiative de la conférence des évêques de France et des communautés de l'Emmanuel, du Chemin Neuf et de Saint-Martin. Un public ciblé, certes, mais un sondage plus qu'intéressant ! "Fervent, majoritairement conservateur et à contre-courant", observe le quotidien français. Fervent, en effet. 56 % considèrent comme valorisant d'être identifiés catholiques auprès d'autres jeunes. 51 % des jeunes ont même pensé devenir prêtres, religieux ou religieuses, dont 19 % sérieusement.
Seuls 3 % proviennent d'une famille non catholique tandis que 80 %, de familles pratiquantes régulières. Par rapport aux messes en latin, 38 % sont positifs. Seuls 12 % estiment qu'elle est "un retour en arrière inutile". 8 % la voient comme leur messe préférée, même s'ils participent aussi à la liturgie conciliaire. La messe est chose importante pour eux. Elle est un "face-à-face avec Dieu plus qu'un moment de célébration". Dans le rite de Saint Pie V, ils trouvent le sens du sacré, la verticalité, l'insistance sur la transcendance. Décidément, les générations se suivent et ne se ressemblent pas.
Ces jeunes ne remettent que peu en cause les structures institutionnelles de l'Église. Ils ne souhaitent pas de changements. La crise des abus est vue comme individuelle : des personnalités perverses ont trompé l'Église et trahi leur vocation. Ce n'est pas un problème systémique. Un tiers des réponses estime que les femmes sont suffisamment reconnues (33 %). Par rapport au pape François, 28 % se sentent peu ou pas en affinité. Un autre indicateur intéressant est celui du récent pèlerinage de Pentecôte à Chartres, organisé par l'association Notre-Dame de chrétienté. Il a battu tous les records : 16.000 marcheurs. Il a fallu clore les inscriptions. Pour la première fois, la messe y était célébrée avec les missels préconciliaires.
Sur l'échiquier social, ils se situent à droite ou même à l'extrême droite (38 % et 14 %). "Ce n'est pas le catholicisme qui bascule vers la droite, mais le catholicisme de droite qui se perpétue mieux que le catholicisme de gauche", analyse le sociologue Yann Raison du Cleuziou. Et de souligner que ce conservatisme ne fait pas d'eux les gardiens de l'ordre établi, mais plutôt des contestataires. En contraste, ceux qui se disent "génération pape François" se situent plutôt au centre, à gauche ou comme écologistes. Quant à la "génération Laudato si", elle apparaît très minoritaire et peine à se rendre visible.
En Belgique, ce type de sondage n'abonde pas. Sans doute les jeunes catholiques plus classiques y sont-ils très dynamiques, mais moins radicaux que leurs voisins. L'histoire religieuse belge est en effet fort différente. Les jeunes croyants de ces deux pays, cependant, et voilà qui est commun, sont une minorité dans une Europe occidentale où la majorité de cette génération se déclare maintenant sans religion. Ils sont aussi en décalage par rapport à la génération croyante qui les a précédés. Il est bien sûr trop tôt pour tirer des conclusions. Ce qui est clair, c'est que l'avenir du christianisme comporte encore bien des points d'interrogation. L'histoire n'est pas finie, mais à suivre !
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