Le 18 janvier s’ouvre la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Leur division fait scandale. Elle décrédibilise le message du Christ. Il y a urgence à retrouver l’unité pour laquelle il a prié la veille de sa mort.
La diversité des voies chrétiennes ne devrait pas empêcher l’unité, car elle lui donne plus d’éclat. En effet, « c’est la même eau fraîche et féconde qui tombe sur le champ afin que fleurisse rouge le coquelicot, rose la rose et bleu le bleuet », disait Basile de Césarée au 4e siècle. Cette diversité fécondée par un même Esprit (cfr 1 Co 12, 4-11) nous rappelle que personne n’a encore atteint la vérité plénière. Nos perceptions en sont encore imparfaites, mais nos différents chemins nous permettent d’aller vers elle. « Nous faisons ce voyage, rappelle le pape François, non pas comme ceux qui possèdent déjà Dieu, mais comme ceux qui continuent à le chercher. Par conséquent, nous devons aller de l’avant avec humilité et patience, et toujours ensemble, pour nous encourager et nous soutenir mutuellement, car c’est ce que veut le Christ[1]. »
Nos différences seraient donc à voir, non comme le fruit de nos divisions, mais l’expression de l’infinie richesse de l’Évangile. « L’unique tronc a multiplié ses branchages [2]” (Yves Ledure). C’est cette diversité vécue dans le dialogue que nous avons à apporter à nos contemporains, et non pas nos divisions. Dans un monde aussi complexe et éclaté que le nôtre, la complémentarité entre les confessions chrétiennes permettra de rencontrer nos contemporains dans leurs sensibilités si différentes.
Heureusement, pour beaucoup de chrétiens de nos pays, ces divisions sectaires ne font plus sens. De plus en plus de gestes de transgression sont posés. Des catholiques en voyage dans des pays protestants n’hésitent pas assister au culte proche de leur domicile, lorsqu’il n’y a pas de messe dans les environs. Les mariages mixtes ne posent plus guère de problème aux yeux des époux ; des pasteurs prêchent chez les catholiques et des prêtres chez les protestants. Et l’accent est mis non plus tant sur ces dogmes qui nous ont divisés, que sur notre engagement commun au service d’une humanité qui se cherche, qui est à un tournant.
Dans notre monde en panne de transcendance, dans cette société déchristianisée et méfiante à l’égard de toute religion, quel est en effet le sens de nos divisions alors que nous avons tant en commun. Ouvrons les yeux : l’accord de nos Églises sur l’essentiel de la foi est plus grand que nos divergences. Proclamons-le donc ! Chaque chrétien est invité à retrouver le cœur de sa foi, par-delà la sédimentation des siècles. C’est dans la mesure où nous le retrouverons que nous nous retrouverons.
La synodalité n’est donc pas seulement un chemin pour l’Église catholique, mais pour toutes les Églises du Christ. C’est en restant fidèle chacun à son Église native, mais avec un regard de sympathie et d’admiration pour les autres Églises, que cette unité sera possible. Un pont se construit toujours de là où on est pour aller à la rencontre de l’autre rive. Que nos différences soient donc non pas niées, mais réconciliées. Donnons-nous la main, comme Jacques, Pierre et Jean donnèrent la main à Paul et Barnabas en signe de communion, après le conflit de Jérusalem (cfr Ga 2, 9). Historiquement, en effet, le christianisme a été d’emblée pluriel.
Charles Delhez sj
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