Des gens – on dit qu’ils viennent de partout – sont fatigués comme aujourd’hui par la dureté de l’existence. Le train de vie de la cour d’Hérode les scandalise. Les règles religieuses les écartèlent et les épuisent. Ils doivent se battre pour tenir. Il faut jouer des coudes, marcher sur l’autre. Ils sont contraints de piétiner leurs rêves. C’était vrai hier comme ça l’est aujourd’hui. Ils pressentent pourtant qu’ils valent bien plus que ça !Ils n’en peuvent plus d’attendre sur les parvis du Temple que les promesses s’accomplissent. Ils n’ont plus rien à perdre, pas même leurs illusions.Alors ils sortent de chez eux, ils quittent Jérusalem et la Judée et toutes les cours religieuses qui ne les nourrissent plus. Ils sont en quête d’autre chose, d’un autrement de leur vie, d’une plus haute qualité d’existence. Là-bas, dans le désert, à la frontière, il paraît que Jean Baptiste déchire l’horizon. Cet homme est en rupture. C’est un croyant déçu. L’aventure du peuple d’Israël lui semble être un échec cuisant. L’eau croupie des citernes et des bassins du Temple ne lui suffisent plus. Il faut, dit-il, repasser le Jourdain, pour revenir ensuite sur la Terre promise. Retourner aux commencements pour retrouver une nouvelle jeunesse. Cet Homme est un passeur. Il ne garde pas les gens autour de lui. On dit qu’il ouvre un avenir.Raphaël Buyse, Autrement l’Évangile, Bayard 2021.
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