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Homélie du père Charles le dimanche 4 décembre 2022


Il y a souvent dans la Bible un langage binaire : le bien et le mal. Le mal, on dirait facilement ce n’est qu’une erreur de parcours, mais n’est-ce que cela ? Pensons par exemple au film ‘L’empire du silence’. Le langage de la Bible est prophétique « Convertissez-vous, il y a deux chemins, le bien et le mal, choisissez. On préfèrerait plutôt un langage plus « tranquilos ». Si nous venons à la messe, c’est bien pour nous laisser secouer.

J’aime bien le texte d’Isaïe avec son rêve d’une nature réconciliée, l’ourse et la vache sur le même pâturage. C’est ce que Jésus va vivre. La paix, ce seront les premiers mots qu’il adressera au soir de Pâques. Jésus est venu donner visage au rêve d’Isaïe, le rêve que Dieu a mis en chacun de nous. En parcourant l’Évangile, voir à quel point Jésus a vécu ce rêve de Dieu et nous invite à faire de même. Il est aussi question d’une alliance nouvelle, d’une connaissance du Seigneur qui remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer, conclut Isaïe.

Ce rêve se retrouve chez St Paul. Dieu est fidèle et il nous appelle à une paix universelle. Le peuple d’Israël a été bien souvent envahi et a dû lutter pour garder son identité. Il y avait là un danger de devenir identitaire. Paul proclame que Dieu est miséricordieux pour tous et qu’il a un rêve universel. Hélas nous savons bien que la religion peut servir à la division.

Paul nous invite à vivre d’un seul cœur et d’une seule voix pour rendre grâce à Dieu. Mais il y a des divisions dans l’Eglise et hélas le pape François en suscite parfois des divisions parce qu’il a une audace certaine. Il y des différences de sensibilité et nous faisons des efforts pour être ensemble aujourd’hui.

L’unité rêvée d’un seul esprit et d’un même cœur existe, mais que de divisions dans l’Eglise…à Blocry il y a pas mal de différences mais il y a aussi un effort de se comprendre.

Venons-en à Jean le Baptiste, le gars qui dit « non » au système. Il est le fils de Zacharie, donc prêtre aussi et pourtant il va au désert parce que c’est le lieu de passage. Nous devons nous aussi faire le passage. De son temps c’était le système religieux qui décidait de tout. Les grands prêtres et leur sanhédrin. C’était un système religieux.

Nous aujourd’hui vivons dans un système économique qui régit le marché. Il est de plus en plus remis en question. C’est le cas de Bruno Colmant, grand économiste qui vit une véritable conversion. « Je me suis trompé, le capitalisme ne résoudra pas les problèmes.» Il faut revoir tout le système. C’est la même chose dans l’Eglise, de plus en plus. Il y a des livres qui paraissent, il faut revoir le tout. Comme celui d’Andréa Ricardi « L’Eglise brûle ». Il faut revoir les choses et ce n'est pas facile. Il nous faut nous convertir parce qu’un monde nouveau est tout proche. Mais avons-nous tendu la main pour l’accueillir Il est là mais c’est parfois le dernier mètre qui est le plus dur à faire. Je me rappelle sur mon Chemin de St-Jacques, ce sont les cent derniers mètres qui sont les plus durs. Les premiers pas, on les fait allègrement, mais la conversion demande d’aller jusqu’au bout du bout. Il ne faut pas opposer Jean le Baptise et Jésus, en disant : Le premier est fort dur mais Jésus qui est si bon pour les pécheurs ; entretenons donc notre péché et Jésus sera bon pour nous ! Jésus aussi a eu ses colères. La miséricorde de Jésus n’est pas pour le système, il chasse les vendeurs du temple mais il se tourne vers ceux qui sont exclus par le système.


Je vous lis un petit texte du livre de Raphaël Buyse – Autrement, l’Evangile, p.37

Des gens- on dit qu’ils viennent de partout- sont fatigués comme aujourd’hui par la dureté de l’existence. Le train de vie de la cour d’Hérode les scandalise. Les règles religieuses les écartèlent et les épuisent. Ils doivent se battre pour tenir. Il faut jouer des coudes, marcher sur l’autre. Ils sont contraints de piétiner leurs rêves. C’était vrai hier comme ça l’est aujourd’hui.

Ils pressentent pourtant qu’ils valent bien plus que ça !

Ils n’en peuvent plus d’attendre sur les parvis du Temple que les promesses s’accomplissent. Ils n’ont plus rien à perdre, pas même leurs illusions.

Alors ils sortent de chez eux, ils quittent Jérusalem et la Judée et toutes les cours religieuses qui ne les nourrissent plus. Ils sont en quête d’autre chose, d’un autrement de leur vie, d’une plus haute qualité d’existence.

Là-bas, dans le désert, à la frontière, il paraît que Jean Baptiste déchire l’horizon. Cet homme est en rupture. C’est un croyant déçu. L’aventure du peuple d’Israël lui semble être un échec cuisant. L’eau croupie des citernes et des bassins du Temple ne lui suffisent plus. Il faut, dit-il, repasser le Jourdain, pour revenir ensuite sur la Terre promise. Retourner aux commencements pour retrouver une nouvelle jeunesse. Cet Homme est un passeur. Il ne garde pas les gens autour de lui. On dit qu’il ouvre un avenir.

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