Jean-Baptiste a préparé la venue du Royaume, Il est la porte d’entrée dans le Royaume de Dieu et vous, vous y êtes dans ce Royaume parce qu’en Jésus il y a quelque chose qui a basculé et en Jésus nous voyons un monde nouveau qui a commencé, une autre logique qui est mise en place. Cette autre logique est décrite si bien par Isaïe, le printemps qui annonce l’été. Et il donne d’autres signes, les boiteux marchent, les aveugles voient. Jésus reprend le message d’Isaïe, vous étiez en exil, maintenant vous êtes sur la route de retour. Quelle joie, Gaudete, le monde a basculé.
Jean le Baptiste fait demander à Jésus « Es-tu le Messie ? » et Jésus aurait pu répondre ‘Oui’ ou ‘non’. Il répond simplement « regardez les signes : les exclus sont rejoints, les aveugles sont choyés, le monde est occupé à changer en lui. Je ne vous donne pas mes titres de gloire, mais je vous invite à regarder simplement ce qui se passe. Ceci est une invitation à regarder ce que Dieu fait aujourd’hui dans ma vie. On se pose parfois la question est-ce que je suis encore croyant ? La réponse peut être semblable à celle de Jésus : ni oui, ni non, mais regardez ce ce que Dieu fait dans ma vie. Puisse-t-il y a voir quelque chose à voir ! Est-ce que je fais l’expérience de Dieu ? Et si je suis venu ce matin, n’est-ce pas qu’il y a un peu de foi en moi ?
La comparaison entre Jean-Baptiste et Jésus est délicate. Jean-Baptiste est celui qui juge, la cognée est à la racine de l’arbre et l’arbre qui ne porte pas de fruit, il faut le supprimer. Il faut juger et séparer le bon du mauvais dans notre vie. Jésus reprend ce message et appelle aussi à la conversion « changez de direction » mais il y ajoute une couche de miséricorde et d’espérance et en plus il guérit. « Regardez mon style de vie. Rejoignez-moi, heureux êtes-vous si je ne suis pas une occasion de chute. Mettez-vous à ma suite. »
Le Royaume et les signes, les aveugles voient, les boiteux qui dansent. On n’y est pas encore tout à fait ! Alors il bon de se rappeler sur le chemin de l’Avent qu’il faut de la patience. C’est le texte de St Jacques qui donne l’image du semeur et puis il y aura une récolte précoce. Il y a déjà de signes. Admirons déjà tout qui ce qui germe. Il y a aussi des récoltes tardives ajoute St Jacques, tout, un jour, sera récolté.
« La patience est tout » dit Rainer Maria Rilke. Je vous lis un extrait :
Là, le temps peut servir de mesure, l’année ne compte pas et dix ans ce n’est rien du tout. Être artiste ce n’est pas calculer ni compter. Mûrir comme l’arbre qui ne hâte pas sa sève et qui tranquille se tient dans les tempêtes de printemps…... Il vient de toute façon l’été mais seulement chez ceux qui patients sont là comme si l’éternité s’étendait devant eux, insoucieusement calme et ouverte. Je l’apprends tous les jours, je l’apprends au prix de douleurs envers lesquelles j’ai de la gratitude. La patience est tout.
Elle est une des plus belles expressions de l’amour. Il nous arrive d’être impatients surtout avec les gens qu’on aime moins. Mais avec des amis, on est patient parce que l’amour nous rend patient
L’Evangile ne nous menotte pas, il nous laisse libres, le chemin de la liberté est un chemin qui prend du temps. Je laisse à l’autre le temps de changer. Mais il ne faut pas oublier l’impatience. Jésus nous dit que le Royaume est tout proche, il y a urgence. Il faut conjuguer l’impatience et la patience. On dirait que rien ne se passe, regardez ce Royaume qui germe, c’est une plante à germination lente.
On parle beaucoup aujourd’hui des carnets de gratitude où nous pourrions récolter les gestes et mots qui sont signes du Royaume. Lorsque l’impatience et la patience se conjuguent elles donnent la passion. La passion a deux sens : un sens actif et un sens passif. Jean-Baptiste l’endure dans sa prison et Jésus jusqu’à la Croix. Sommes-nous prêts à payer le prix pour le Royaume comme Jésus ?
Histoire du roi Salomon qui visite son royaume. Il voit une fourmilière et toutes les fourmis voyant le roi qui arrive, se mettent au garde à vous. Salomon voit qu’une petite fourmi continue son travail de transporter grain par grain de sable. Le roi se penche sur elle et lui demande ce qu’elle fait. Elle répond : « de l’autre côté de ce tas de sable se trouve ma bien-aimée. C’est l’amour qui me fait travailler ainsi et qui ne pourra me distraire de ma tâche et si je n’y arrive pas, j’aurai connu l’espérance jusqu’à la fin de ma vie. »
Notes prises par Philippe DG
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