Dans notre société qui est hyper-sécularisée, il faut bien reconnaître que le premier commandement est inaudible pour la plupart de nos concitoyens. Si on le cite, on se coupe d’autrui, et Dieu peut être perçu par beaucoup comme un diviseur, ce qu’il n’est pas. Et d’autre part, si on ne cite pas ce premier commandement, si on ne cite que le deuxième, est-on encore fidèle à Dieu ?
Il y a quelques années des compagnons jésuites qui donnaient des retraites à des jeunes de 17 ans sont venus me dire : « Nous ne parlons plus, ou très peu, de Dieu ». Alors je leur ai dit : « En quoi consiste la retraite ? » Je leur ai demandé si je pouvais les rejoindre pour comprendre ce qui se passe. J’ai donc co-animé, et j’ai compris que d’emblée parler de Dieu, c’était vraiment se couper des jeunes et qu’il était nécessaire de ménager une progression. C’est pour cela que je vous ai proposé au début de l’Eucharistie de demander la grâce d’une progression. On ne peut pas d’emblée, dans une société sécularisée et multiculturelle parler de Dieu.
Comment allons-nous procéder ? Je vais vous le dire en six points et vous le résumer en trois.
Premier point : « Que personne ne soit jamais considéré comme un déchet. » C’est le langage du pape François. Nous sommes dans une société d’abondance et on jette beaucoup, non seulement du plastique, de la nourriture. Le pire est qu’on a tendance à rejeter des personnes. Tout le monde est d’accord sur ce premier point, croyants comme incroyants.
2ème : « Que chacun ait droit au chapitre. » Qu’est-ce qu’un chapitre ? Dans les monastères, le père Abbé commente la Règle qui comprend plusieurs chapitres. Il n’est pas normal qu’une seule personne dans une assemblée ait la parole, comme moi maintenant. Nous avons le pouvoir de changer les choses. C’est ce que le pape préconise par la synodalité, c’est-à-dire que dans les communautés chacun ait droit à la parole. C’est à vous de demander d’avoir voix au chapitre.
3ème : « Que tous soient UN. » C’est vraiment le désir de chacun, y compris dans les couples. Nous savons que tous désirent cette unité et nous savons combien c’est difficile, et aussi combien il y a de ruptures qui sont autant des souffrances.
4ème : « Que tous soient UN comme toi Père tu es en moi et moi en toi. » À partir de ce 4ème point, la catéchèse est nécessaire. A partir du fait historique de l’incarnation du Fils devenu chair. C’est un fait, mais on ne peut le connaitre que s’il y a des gens qui l’annoncent.
5ème : « La progressivité. » C’est la demande faite au début de la messe. On ne peut d’emblée parler du premier commandement (aimer Dieu) dans une société sécularisée. Mais on peut inverser les choses. Dans l’ordre de la présentation de la foi, il est nécessaire d’aller progressivement : de partir du premier point et respecter cet ordre.
6ème : « Prier. » Il s’agit de demander le don de l’Esprit Saint. L’amour est un don. Pour aimer son prochain, il est nécessaire d’en recevoir la grâce. Et pour la recevoir il faut la demander. L’Esprit est l’amour entre le Père et le Fils qui nous a été donné à la Pentecôte.
Résumé en trois points :
1. Que tous soient UN,
2. comme toi Père tu es en moi et moi en toi,
3. et donne-nous ton Esprit.
Résumé de l’homélie du père Michel Bacq sur base des notes prises par Philippe De Groote
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