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Durant ces vacances


Charles Delhez sj –



Le temps des vacances a fait du bien aux chroniqueurs, mais l'actualité, elle, n'était pas en vacances. J'épinglerai trois évènements.

Commençons par les feux en Grèce. Je retiens le commentaire d'un chroniqueur, Armand Lequeux[1]. Combien d'évènements dantesques comme celui de Rhodes devrons-nous connaître avant de prendre vraiment conscience que notre planète va devenir inhabitable pour une grande partie de ses habitants ? interrogeait-il. Et d'énumérer tous les gestes individuels par lesquels on tente de lutter contre le réchauffement climatique mais sans guère oser toucher au domaine des loisirs, comme le tourisme, par exemple. Comment, se demande-t-il, les historiens du futur pourront expliquer les images d'archives montrant d'interminables files de voitures climatisées pétaradant à l'arrêt sur nos autoroutes estivales ? Tout en plaidant lui-même coupable, Armand Lequeux ose dire que ce besoin de vacances est une notion créée par notre société de consommation, que des milliards d'êtres humains ne connaissent pas. Mais n'ai-je pas moi-même touché à un sujet tabou en faisant écho à cette chronique ?


Un sujet plus optimiste, les JMJ. Au printemps 1984, au terme d’une Année sainte, la Curie romaine avait mis sur pied un "jubilé des jeunes" qui réunit environ trois cent mille participants. En 1985, dans le cadre de l’Année internationale de la jeunesse, un nouveau rassemblement se tint, toujours à Rome. À la fin de cette année, Jean Paul II instituait les Journées mondiales de la jeunesse. Les premières eurent lieu en 1987, à Buenos Aires. Ces 16es journées à Lisbonne ont rassemblé plus d'un million de jeunes, dont 2000 Belges. Du tourisme religieux, diront certains. Il y a de cela, sans doute. Mais que cela fait du bien de voir tous ces jeunes rayonnant de joie, partageant une même foi, chacun selon le point où il en est. Ils "ne sont pas dans les rues pour crier de colère, mais pour partager l'espérance de l'Évangile", a fait remarquer le pape. Il a invité le clergé à passer du défaitisme à la foi et n'a pas hésité à lancer à l'Europe un "Vers où navigues-tu ?". 18 000 arbres ont été plantés pour compenser les déplacements ainsi occasionnés. Un beau geste écoresponsable.

Enfin, es autodafés du Coran en Suède et au Danemark ne sont pas passés inaperçus. Josep Borell, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, a réagi fortement, les condamnant sans ambiguïté et rappelant que tout ce qui est légal n'est pas forcément éthique. Peut-on justifier ces actes au nom de la liberté d'expression ? Ne faut-il pas aussi tenir compte d'une autre valeur fondamentale de l'Union européenne, le respect de la diversité religieuse ? s'interroge-t-il. L'équilibre entre ces deux valeurs n'a manifestement pas encore été trouvé. Ainsi 11 pays occidentaux, dont la Belgique, ont voté contre une résolution du conseil des droits de l'homme de l'ONU invitant à s'attaquer aux actes, à les prévenir et à poursuivre les appels à la haine religieuse, les incitations à la violence. “Il n'appartient ni aux Nations unies ni aux États de définir ce qui est sacré”, a déclaré l'ambassadeur de France. Des propos dignes d'une obsession laïque. Mais qui alors peut définir le sacré ? Ou bien n'y en aurait-il plus ? Mais alors, comment vivre ensemble ? On vient d'apprendre que le Danemark allait légiférer…

Bonne rentrée !

[1] La Libre Belgique, 28 juillet 23.

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