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Faire un pas de plus.


Blocry, ce 25 septembre 2022



Chers Paroissiens de Blocry,

Chers frères et soeurs,


Au début de cette année pastorale nouvelle, j’ai le plaisir de vous écrire ces quelques lignes en tant que pasteur de notre communauté de Blocry. Et tout d’abord, je veux vous partager mon action de grâce. Notre communauté est sortie bien vivante de l’épreuve de la Covid. Notre paroisse est une véritable communauté. Nous avons la chance de rassembler toutes les générations, des plus petits aux aînés. Saints-Marie-et-Joseph est aussi un lieu de passage pour tant de personnes qui, à l’occasion, prennent le temps de franchir la distance pour se ressourcer au sein de notre assemblée, et notamment pour des jeunes couples qui se préparent au mariage. Nous avons une véritable mission d’accueil, et chacun se sent concerné.


Gratitude

Il faudrait ici remercier tant de personnes qui, chacune à sa façon, contribuent au dynamisme de la paroisse. Je me contenterai de citer quelques groupes qui ont accompli un travail important. Je pense à la catéchèse. De nouvelles catéchistes nous ont rejoints, les enfants se font plus nombreux. Nous entamons la troisième année de notre cycle tel que nous l’avions prévu lors de la révision de notre parcours d’initiation chrétienne avec l’aide de Benoît Dupuis. L’an prochain, nous recommencerons ce cycle de trois ans en le mettant davantage au point.

La Fabrique d’église, dont le dynamisme est impressionnant, abat un travail discret, mais essentiel sous la présidence de Guy Dardenne. Il nous faut en effet un toit, un espace bien éclairé et bien chauffé, un bâtiment solide (or celui-ci, plus que centenaire, demande beaucoup d’entretien). Notre église est gérée par de « bons pères de famille ». Merci à eux.

Notre gratitude doit aller également à l’EAP et, en son sein, au triumvirat qui, semaine après semaine, veille à la coordination de nos activités et aux personnes de notre communauté. Il s’agit d’Isabelle l’infatigable, de Jean-Pierre le disponible et de votre curé.

J’ai épinglé trois groupes, mais le cœur vivant de notre paroisse, c’est la présence et l’apport de chacun de vous : petit coup de main, attention aux autres, accueil chaleureux des nouveaux… Et surtout, ce qui fait de nous une vraie communauté chrétienne, c’est l’attachement de chacun.e à la personne de Jésus et à son Évangile, la foi qui nous anime et la prière à laquelle nous essayons d’être fidèles.


L’urgence des temps présents

Les temps ne sont faciles ni pour notre société ni pour notre Église. Beaucoup de signaux clignotent de manière insistante. Un monde nouveau tente de naître mais, pour le moment, nous sommes encore trop nostalgiques de celui qui tarde à mourir.

Je m’attarderai davantage à la mutation ecclésiale. D’aucuns parlent de l’implosion d’un système. Cette expression un peu forte met des mots sur ce que nous pouvons tous observer en Belgique : nous sommes devenus une petite minorité et, de plus, divisée entre ceux que l’on nomme progressistes et les autres appelés traditionaliste.

Nous avons un trésor à sauver : l’Évangile de Jésus de Nazareth, où nous estimons que se trouvent les clés d’un avenir digne de notre humanité. Il nous invite à anticiper le monde de demain, à habiter dès aujourd’hui ce que Jésus appelait le Royaume. Notre société parle volontiers des valeurs chrétiennes, mais en fait elle en est loin, et nous aussi. Les Évangiles, écrivent les auteurs du Projet éducatif de l’enseignement catholique (édition août 2021), prolongent et nourrissent l’interprétation des valeurs commune de notre culture « en leur imprimant un surcroît de radicalité à travers l’amour, le pardon, l’option pour les pauvres, le don sans retour ».


La radicalité de l’Évangile

Osons la radicalité de l’Évangile. Notre rassemblement du dimanche est là pour nous aider à creuser ensemble ce message, à ne pas nous contenter de nous caresser l’âme, dirait le pape François. Il s’agit, chaque jour, de se convertir. Tel est bien le premier message de Jésus selon Matthieu (4, 17) et Marc (2, 15). Déjà, voici 20 ans, Jean Delumeau, un autre historien, écrivait : « Du point de vue de l’histoire chrétienne, nous sommes assurément à la fin d’un temps : celui du conformisme et, plus globalement, de la religion héritée de la famille. Mais peut-être sommes-nous en train d’entrer dans le christianisme du baptême des adultes » (1999). Traduisons : le christianisme d’adultes qui font le choix d’être chrétiens et se rassemblent en communauté pour entretenir la mémoire de Jésus, le ressuscité.

Le moment est en effet venu de choisir. Voulons-nous que l’Église continue sa mission, qu’elle dure non pas en tant qu’institution puissante, mais en tant que petites cellules de fraternité et de spiritualité dans notre monde que tous s’accordent à reconnaître individualiste et matérialiste ? Nous sommes sans doute revenus au temps des maisonnées des premier siècles chrétiens. Il nous faudra donc, osons le mot, réinventer la manière de faire Église et y mettre le prix. Le choix est clair : renaître ou disparaître.


Le rendez-vous du dimanche

« La leçon des 50 ou 60 dernières années est que la culture chrétienne ne peut pas survivre indéfiniment sans la foi, les pratiques, les comportements qu’ils ont engendré et qu’ils entretiennent. On peut faire sans, pendant une génération, deux à la limite, mais guère au-delà », estime Guillaume Cruchet, l’historien auteur de Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? (2021). Ne croyons pas que nous ayons la réponse à toutes les questions d’aujourd’hui, mais quelques éléments sont dans les mains de notre communauté paroissiale. Cultivons-les en nous réjouissant que d’autres fassent autrement, rejoignant d’autres croyants que nous.

La question liturgique fait souvent débat dans l’Église, clivant traditionalistes et progressistes. Certes, le rite n’est pas premier, mais il entretient la foi et construit la communauté. Dans une famille, les moments d’anniversaire ainsi que la fête de Noël sont aujourd’hui incontournables. Ces rendez-vous traditionnels et rituels sont essentiels. La messe du dimanche est notre équivalent. Au fil des dimanches, une conscience commune se forge, une mémoire de l’Évangile s’entretient.

À Blocry, nous avons notre manière de célébrer et de nous rassembler. Cultivons-la. Soyons davantage conscients que c’est tous ensemble, chacun à sa façon, que nous construisons notre paroisse. « Derrière les batailles sur le rite se cachent différentes conceptions de l’Église », estime le pape François. Il invite à soigner l’art de célébrer, car la liturgie est « source première de la spiritualité chrétienne ». Soyons davantage fidèles au rendez-vous du dimanche. La régularité permet la continuité.

En voici assez pour cette 5e lettre. S’il faut en retenir une chose, c’est cette invitation à nous engager, chacun un peu plus, dans la construction de cette fraternité qui, parmi tant d’autres, est l’avenir de notre Église dans un pays qui, avec la France et la Hollande, est parmi les plus sécularisés de notre Occident. Sans une véritable vie fraternelle, le christianisme devient un ensemble vague d’opinions personnelles, et non plus une aventure communautaire dont on puisse dire : Voyez comme ils s’aiment !


Bien affectueusement vôtre,





Charles Delhez sj

Curé de Saints-Marie-et-Joseph, Blocry,



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